Réalisatrice rare (trois films en 20 ans), Lucile Hadzihalilovic signe son dernier opus, qui semble venir conclure une sorte de trilogie environnementale (Le Bouche de Jean-Pierre se déroulait en milieu urbain, Innocence dans une forêt, et celui-ci au bord de la mer). C’est une remarque à prendre en considération, car la captation du paysage, et la relation des personnages avec leur milieu fait parti des grande thèmes de mise en scène de son cinéma.
Film de savant fou revisité par Ingmar Bergman, Evolution arrive dans un contexte où le cinéma de genre européen semble vouloir sortir de son carcan pour devenir un peu plus «Arty» (Goodnight Mommy, Amer, Alléluia). Et dans une certaine mesure cela donne son sens à la vague génériquement qualifié de «cinéma de genre français» qui sévit depuis 15 ans. Car enfin des auteurs trouve leurs voix, et ne se contentent plus de reprendre les codes et archétypes du cinéma américain.
On pardonnera au film son discours femino-feministe (et les associations un peu faciles qu’il implique, comme les femme étoiles de mer), celui-ci permettant de véhiculer son lot d’images phantasmagoriques. Images magnifiquement photographié par Manuel Dacosse (chef opérateur ayant justement oeuvré sur Alléluia, et les films du couple Cattet et Forzani).
Mais ce qui fait la qualité du cinéma d’ Hadzihalilovic, ça reste sa façon de diriger les enfants. Des enfants qu’elle n’hésite pas malmener, et à plonger dans un univers extrême (rappelons que le film raconte l’histoire d’un petit garçon devant servir d’incubateur pour sa futur petite soeur).