Un documentaire de Frederick Wiseman fidèle au talent habituel de l’auteur. Même si le sujet ne passionne pas à priori tout le monde, le réalisateur sait en faire un moment de découverte passionnant. Ici, le montage fait alterner des séquences dans lesquelles les membres de la direction de la grande bibliothèque publique de New York exposent les objectifs et les difficultés de leurs projets avec des illustrations des multiples missions que remplit l’institution vieille de plus de cent ans. Aujourd’hui, une bibliothèque publique n’est pas un stock de livres doté d’un système de prêt ; c’est un lieu ouvert dans lequel la collectivité locale fournit de multiples services aux catégories les plus démunies de la population ; par exemple l’accès à Internet haut débit ou l’accompagnement périscolaire. Grâce à une maîtrise bien rôdée de l’enquête documentaire, de la prise de vues et du montage, Wiseman rend compte de manière vivante de la mise en œuvre de politiques publiques complexes, engageant plusieurs niveaux de décision politique et jonglant, comme seuls savent le faire depuis longtemps les Etatsuniens, avec le partenariat public-privé. Ce n’est pas du tout ennuyeux, peut-être seulement un peu long. Et drôle parfois. Parmi les morceaux de bravoure de la caméra espiègle, on peut relever Kwame A. Appiah vêtu d’un costume en tweed plus british tu meurs lisant laborieusement devant le conseil d’administration la présentation de la première poétesse noire issue de l’esclavage publiée au XVIIIe siècle ou encore le directeur de la bibliothèque faisant des grimaces pendant l’exposé d’une de ses collègues.