Je pense donc je suis

Si Ex Machina est son premier film en tant que réalisateur, le britannique Alex Garland n'est pas non plus un illustre inconnu dans le monde du cinéma. D'abord écrivain, il a rédigé le scénario du film adapté de son premier roman, La Plage, réalisé par Danny Boyle. Toujours au scénario, il retravaillera encore deux fois avec Boyle pour 28 jours plus tard (2002) et Sunshine (2007) puis avec Pete Travis pour le sous-estimé Dredd (2012), adapté du comic book Judge Dredd.

En 2015, Garland franchit enfin le cap et nous livre ce bijou sur le thème maintes fois exploité mais toujours d'actualité : l'intelligence artificielle (cf la pétition du 28 juillet 2015 notamment signée par Elon Musk (Tesla, Space X), Steve Wozniak (Apple) ou encore le physicien Stephen Hawking).

Ce long-métrage est brillant par sa simplicité à des milliers d'années-lumière de la débauche d'effets numériques trop présents dans la majorité des films de science-fiction : on a, ici, un huis-clos dans une villa à la limite du blockhaus, trois personnages dont un androïde et une chronologie linéaire s'étalant sur sept jours.
Toutefois, simplicité ne rime pas avec facilité : un grand soin a été apporté à l'image et à la musique rendant un sentiment constant de confinement et de tension. Niveau narration, le film adopte le point de vue de Caleb (Domhnall Gleeson), le spectateur progressant dans l'intrigue en même temps que le personnage. Enfin, la direction d'acteur et le casting sont impeccable avec un Oscar Isaac méconnaissable et douteux et une magnifique mais troublante Alicia Vikander.

Ex Machina est un film d'excellente facture dans la directe lignée de Blade Runner où la frontière entre humains et androïdes devient de plus en plus floue.