Après une longue et fructueuse collaboration avec Danny Boyle, pour les scénarios de 28 jours plus tard et Sunshine, Alex Garland signe ici son premier film derrière la caméra avec la double casquette de réalisateur/scénariste.
A la fois film de science-fiction et d'anticipation, film à huis clos paranoïaque et thriller ... Ex Machina prouve que même un film à petit budget peut avoir de l'ambition dans son propos. Et ce mélange des genres ne se fait pas au détriment de la réflexion sur l'IA, thème central du film. Il soulève les craintes légitimes qu'on peut avoir, sur une machine qui aurait notre "intelligence", voir même qui pourrait la dépasser. Au vingtième siècle c'était de la pure fiction, de nos jours on le touche presque du doigt. On peut faire un film sur une IA gentille et salvatrice, les exemples sont nombreux (A.I de Spielberg et Her entre autres), mais le plus probable est qu'une IA plus "intelligente" que l'Homme cherchera inévitablement à prendre le contrôle sur tout, comme dans Matrix, Terminator ou 2001 de Kubrick. Ex Machina lui, arrive à naviguer entre les deux.
Et non seulement le film est riche sur le fond, mais il l'est aussi dans la forme. L'esthétique et la direction artistique du film sont vraiment "fraiches" et les effets spéciaux sont vraiment soignés, c'est à la fois beau et troublant.
Ces deux androïdes Ava et Kyoko, l'une qui ressemble à une boite grise (une fort jolie boite grise, certes) et l'autre qui est privée de parole, semblent être plus humains que nos deux protagonistes masculins, pourtant eux faits de chair et de sang. Le seul personnage attachant, finalement c'est le robot et pas l'humain. Ces deux machines dégagent plus d'émotions et de sentiments que la plupart des humains, c'est là la grande réussite du réalisateur. On le doit aussi à la performance d'Alicia Vikander, très convaincante dans le rôle d'Ava.
La symbolique du sang et de la couleur rouge est forte dans ce film, l'un se taillade le bras pour vérifier s'il est humain et l'autre tolère un peu trop bien un couteau planté dans le dos. Le rouge c'est aussi la couleur préférée du protagoniste principal, coïncidence me direz-vous ? Non je ne crois pas.
Alors certes, Ex Machina est un peu trop bavard et souffre de quelques longueurs, mais il sait être captivant jusqu'au bout. Les films de science-fiction et de d'anticipation de ce niveau son rares, ceux qui nous pousse à la réflexion sur notre avenir et sur l'évolution de notre société.