Ponctuée d'un perpétuel questionnement, accompagné d'une angoisse grandissante, et le tout achevé dans un final surprenant, cette oeuvre de science-fiction demeure un mystère. La star du film n'est pas Caled mais plutot Ava, et ce à la fois pour le spectateur et pour les personnages eux-même. Ava, c'est ce robot aux courbes féminines qui est commandé par une intelligence artificielle. C'est Alicia Vikander (oscarisée en 2016 pour son "second" rôle dans The Danish Girl) qui l'interprète dans une démarche mi-mécanique, mi-naturelle. Le tout est convainquant à souhait parce que ce robot est fascinant par réalisme. Néanmoins celui à qui l'on s'identifie c'est bien sûr Caled, incarné par Domhnall Gleeson, puisque comme lui, le spectateur observe et analyse l'IA jusqu'à faire partie de cette expérience scientifique et technologique. Quant au personnage de Nathan alias Oscar Isaac, il est tout simplement déroutant. Du noir au blanc, il laisse planer un certain doute quant à ses intentions. Tout cela mis en scène dans un lieu enclavé au paysage quasiment surnaturel. Le paradoxe efficace c'est cet aspect de huit clos dans une demeure surdimensionée, dans un domaine terrien infini.
Comment ne pas succomber au charme de ce film psychologique et philosophique ? Il renouvelle le genre de la science-fiction qui est généralement un film d'action dystopique. Ici, la lenteur est au rendez-vous (et cela peut ennuyer les plus impatients) mais ce temps étendu est rendu nécessaire, car c'est le temps qu'il faut au spectateur et à Caled pour se questionner et raisonner au fil de ce qui se passe. L'on change d'avis sans arrêt. Le contenu est complexe j'en convient, et il s'agit d'un film dans lequel le spectateur est toujours sollicité. Celui-ci ne doit pas s'attendre à regarder passivement une histoire de robot déjà vue du style Terminator, I.Robot ou plus récemment Chappie. Des signes et des symboles sont dispersés tout au long du métrage, ce qui fait de lui un thriller.
J'ai été touchée et profondément convaincue par cette fiction furturiste déjà visionnée à deux reprises. J'en fais un des trois meilleurs films de l'année 2015.