Déception. Titre de film très parlant, excitant, métal hurlant, pour rien. Le scénariste de 28 Jours Plus tard. Le titre qui fait très : Deus Ex Machina, digne du meilleur film d’anticipation. La critique qui parle de succès SF de l’année. Tout ça c’est du n’importe quoi. Un gars qui habite dans une maison cachée au milieu de la nature, d’un pays inconnu, embauche un autre gars pour un travail spécial. Le premier c’est un petit génie, qui a inventé la femme parfaite. Elle est de chair, d’implants et de plastique, parle très peu, ne s’énerve jamais, et à la plastique d’une starlette de cinéma, idéale pour satisfaire sexuellement un partenaire humain mâle. Cette femme c’est une machine qui imite à la perfection le comportement humain. D’où la question bête :
C’est toujours une machine, ou un être post-humain à part entière ? Un humanoïde de nouveau genre ? Le pas est-il franchi ? Le pas entre l’humain et la machine est-il franchi ? Oui ? Non ? Le gars invité, est censé tester cette chose, pour voir si elle se contente d’imiter, comme le ferait une machine, ou un logiciel, où si elle est capable de sentir, et d’improviser, de créer. Á partir de là, j’ai un problème.
Je n’ai pas payé pour lire une thèse de cybernétique-machin. J’ai payé pour voir un film. Et comme je vois ce petit monde échanger des propos abscons, ou philosophiques, ce huis-clos m’a vite gavé. Pour ceux qui aiment lire, je conseille de lire directement le scénario. Pour les autres, sachez que le film est ennuyeux comme un discours du président de la république.
Caméra figée, ou fixe. Acteurs apathiques, très peu expressifs. Effets spéciaux très en-dessous. Le desgin de la poupée est très basique. Une cotte de maille, un corps transparent, et les organes internes apparents, qui lui font ressembler à une machine, (l’effet bœuf du film). Effet qui retombe à plat, car je « vois » tout le temps le fond bleu incrust planté derrière. Quitte à faire un film avec peu de moyens, autant aller à l’essentiel, et ne pas faire se faire avoir par la technique. Le plus con c’est que c’est aspect femme-machine, est très vendeur mais ne sert à rien, n’apporte rien de plus au récit. Il aurait mis l’actrice en robe assise, le regard fixe comme une poupée, ç’aurait été beaucoup efficace que ce trucage de téléfilm complètement dépassé. Et c’est aussi une excuse pour mettre en valeur le corps de la jeune actrice, et rameuter les mâles. Le reste est un jeu de question-réponses genre QCM.
Mettre tout le temps Ava/Eve derrière une vitre, devrait entretenir le mystère. Mais quel mystère, puisqu’elle n’a rien à cacher ? Elle n’a aucune chose à nous apprendre sur la machine, ou l’humain. Le final peut faire son petit effet, mais c’est déjà-vu, ça traîne trop, et c’est mal amené. Pour qui est fan de japanimation de qualité, par exemple, se sera décevant car très peu…J’ai déjà vu mille fois plus fort.
Garland filme ça comme le débutant (qu’il est), et ça se sent. Une espace confiné, quelques plans dans la nature, et quelques grandes idées comme : « Tu n’es pas programmé pour être hétéro, c’est le résultat de ton éducation… » J’ai pas attendu Ex Machina pour savoir ça, quand même!
Et j’attendais du film SF de l’année plus de mise en forme, moins de bla-bla. Un cinéaste qui va faire l’effort de traduire ces idées, (complexes), en images, et plans de cinéma, (concrèts). Là j'ai de grands mots. Qui camouflent d'autres mots valises.
Intelligence artificielle, naissance de la conscience, et j’en passe. L’hybride, le rapport homme-machine. Mais tout ça s’arrête à un discours. Pour moi, Ava/Eve, l’héroïne, c’est un fantasme attrape-nigaud bien roulé, et ça se vérifie quand on voit le rapport amoureux qui se crée entre elle et son interlocuteur, Caleb. Très vite sensible à ses charmes, il tombe bien facilement dans le piège. Le cinéaste a choisit la facilité.
La scène choc d’automutilation ne fonctionne pas. Elle devrait être terrifiante, mais elle n’est préparée. Elle est là pour faire son petit effet, c’est tout. Nathan le créateur du projet n’a aucun profil de savant fou, n’est pas pervers non plus, c’est un geek de la Sillicon Valley, un artiste qui sirote des vodkas. Il a créé Ava, comme Jackson Pollock crée un tableau. Le Pollock cloué au mur, est utilisé a dessein. Pas de cybernétique, de biomécanique, seulement de l’inspiration. Le cliché du savant fou, est donc mal tombé, pourtant suggéré par le contrôle de Nathan exerce sur les autres personnages. Mais ça aussi, c’est un effet. Lent, répétitif, Garland a une bonne idée, reste à la développer. Sa fable n’est pas claire, ou aboutie. L’histoire n’avance pas, ou très peu.
Un film de huis clos SF romantique ? Il n’est pas encore assez aguerri pour s’attaquer à ça.