Ah, Excalibur. Voilà un film qui a marqué mon enfance. J'étais jeune, j'étais naïve, mes parents avaient zappé sur Arte, et j'ai vu ce film qui m'a marquée pendant des années; dix ans après, je me souvenais encore de la musique, et de la scène avec Guenièvre et Lancelot dans la forêt.
Depuis, je l'ai revu, et je peux dire que c'est toujours aussi marquant. C'est un film totalement kitsch pour les effets spéciaux, bien sûr; mais le kitsch n'empêche pas la qualité (qui a dit "les duels au sabre laser dans Star Wars" ?). Surtout quand c'est voulu à la base, ce qui est le cas: pour retranscrire une épopée, Boorman fait le choix du baroque, de l'exagéré. Musiques grandioses (Wagner et Carl Orff principalement), violence sublimée, magie esthétisée, dialogues solennels. Et ça passe. Ça passe, parce que c'est la légende arthurienne, et que c'est aussi ça, les romans de chevalerie; c'est tout un imaginaire qui est ici parfaitement retranscrit.
Il y a une certaine sauvagerie qui se dégage du film - rappelons-nous qu'il est sorti à la même époque que Conan le Barbare; il y aussi de l'épique avec ces musiques et ces scènes célèbres de la légende arthurienne qui prennent vie sous nos yeux; il y a du comique, notamment avec Merlin; de l'onirique, du fantastique, du merveilleux, du courtois. Baroque, donc. Un grand mélange de beaucoup de choses qui donnent une formidable puissance à l'ensemble.
Alors, on peut dire que certains acteurs surjouent un peu. Que les effets, notamment avec Excalibur, l'épée, sont un peu trop kitsch. Mais on ne peut nier la qualité de la chose: l'épique du film vous emporte malgré vous dans cette histoire, que nous connaissons par coeur - Lancelot et Guenièvre, Excalibur et le rocher, le Graal, Morgane et Merlin - mais qui nous happe toujours. Bien sûr, il faut accepter d'entrer dans la mythologie des histoires chevaleresques, solennelles, premier degré, grandioses voire grandiloquentes; mais à partir du moment où on sait ce qu'on va voir et qu'on accepte le film tel qu'il est, alors on passe un grand moment de cinéma. Vraiment.