De cet Excalibur de John Boorman, regardé pour la première fois alors que je savais à peine lire, il ne me restait avant ce visionnage récent que des souvenirs très vagues (un lancé d'épée, des barbes hirsutes et des défilés de chevaliers avec des armures plus originales les unes que les autres).
Il faut savoir qu'au début des années 1980', John Boorman souhaite réaliser son adaptation du Seigneur des anneaux. Toutefois, ce dernier n'obtient pas les droits de l'œuvre de Tolkien et entame donc le tournage d'Excalibur, ce qui n'est sûrement pas plus mal.
Tout d'abord, il convient de souligner que ce film a un charme indéniable à tel point que cela fait mal au cœur de lui reconnaître ses nombreux défauts. Parmi les nombreuses qualités de cet Excalibur, on peut citer en premier lieu la photographie brumeuse et verdoyante qui nous enchante. De la même façon, le film possède une âme véritable, ce qui est assez rare s'agissant des œuvres cinématographiques de ce genre pour être souligné. L'absence de fioritures dans le montage et le rythme soutenu de la narration sont également appréciables.
Le gros coup de cœur reste le pari fou de John Boorman quant à la personnalité de Merlin, bien loin d'être un sage à suivre les yeux fermés mais plutôt une sorte de marginal mi-flemmard mi-maladroit qui offre une dimension comique rafraichissante au film.
Pour autant, impossible d'éclipser certains défauts et le premier est la durée du film. Si la première moitié de l'histoire se déroule avec intérêt et curiosité, la seconde (à partir de la quête du Graal) est bien plus confuse et un certain ennui peut être décelé. De la même façon, si le choix de montrer des chevaliers ayant du mal à se mouvoir avec leurs armures trop lourdes est judicieux, le souffle épique attendu n'arrive pourtant jamais vraiment à nous toucher. Enfin, l'option de la musique classique n'est pas novatrice (Stanley Kubrick avait déjà fait ce choix en 1968 avec son 2001 : A Space Odyssey) et n'apporte pas grand chose au film non plus.
Enfin, si la symbolique omniprésente tout au long de cette quête épique offre des pistes de réflexions intéressantes, on peut toutefois regretter l'absence totale de légèreté formelle. Déjà désuet en 1981, Excalibur demeure une curiosité cinématographique pas désagréable à regarder, même plus de trente ans après sa sortie.