En adaptant son propre court-métrage éponyme, le jeune réalisateur Richard Bates Jr. marque un grand coup dans l'univers du cinéma de genre. Fortement inspiré par Carrie avec lequel il partage beaucoup de similitudes, Excision narre les mésaventures sexuelles d'une adolescente au visage ingrat vivant entre une famille puritaine étouffante et une impopularité écrasante au bahut. Pauline est une étrangeté, un rebut de la société, une fille bizarre qui effraie tous ceux qui osent vouloir la connaitre.
Vierge fascinée par l'idée du sexe et la chirurgie, l'adolescente vit dans un monde de rêves fantasmagoriques sanglants où elle règne en maîtresse de la luxure. Mais peu à peu, son goût pour le morbide va s'accentuer jusqu'à l'inévitable... Richard Bates Jr. nous guide ainsi vers une nouvelle variante des difficultés de l'adolescence féminine représentées par Pauline (Annalynne McCord, une révélation comme on en voit peu), freak boutonneuse aux valeurs uniques, je-m’en-foutiste de première, rebelle sans charisme et obsessionnelle effrayante.
Peu respectueuse envers ses professeurs (dont Malcolm McDowell), exaspérée par une mère autoritaire (tout simplement impressionnante Traci Lords qui fait ici un come-back époustouflant) et un père laxiste (Roger Bart, parfait), désespérée par l'attention portée à sa jeune sœur atteinte de mucoviscidose, Pauline n'a pas la vie facile mais s'en accommode du mieux qu'elle peut, rêvant sans cesse de fantasmes baignant dans l'hémoglobine et priant Dieu à sa manière.
Le metteur en scène nous assène donc d'une réalisation soignée, propre et élégante, alternant entre séquences oniriques clippesques (à la Tarsem Singh) et réalité douloureuse ponctuée de fréquentes scènes de dîners en famille emplis d'un certain malaise. Nous alternons par conséquent entre des songes morbides visuellement dégoutants et réalité en apparence clean mais néanmoins déroutante, le quotidien de Pauline et ses innombrables altercations mettant sincèrement mal à l'aise, qui plus est lorsqu'elles s'annoncent sans fin...
Bates arrive ainsi à construire une véritable histoire dramatique intense et passionnante autour de son court-métrage originel qui se concentre, lui, de manière plus directe et donc horrifique, sur le final. Excision n'est donc pas un film d'horreur comme les apparences laissaient croire mais bel et bien un drame poignant et déroutant que portent sur leurs épaules deux actrices fabuleuses (McCord et Lords), l'une étant plus enlaidie encore que Charlize Theron dans Monster, l'autre étant à la fois détestable de par son attitude de mère froide et possessive. Un petit bijou glaçant au possible, indéniablement poétique et d'une rare profondeur qui mérite amplement sa place parmi les meilleurs films du genre.