Eczéma
Honnêtement je voulais vraiment y croire, un nouveau film de folk horror coréen, avec un cast pareil, le pitch donne envie, mais au visionnage : c'est le drame, la désillusion totale.N'est pas Na...
Par
le 5 juin 2024
2 j'aime
Un duo d’enquêteurs se retrouvant sur une affaire teintée de zones d’ombre, forcé de collaborer avec un professionnel bourru mais attachant, et dont la progression dans la résolution du mystère mettra au jour une conspiration d’une ampleur inattendue. Une accroche digne d’un polar à l’ancienne, la différence étant que le duo est question est constitué de chamans capable d’interagir avec les esprits. Quant au professionnel bourru (l’immense Choi Min-sik, dans un registre bien différent des compositions hallucinées ayant fait sa renommée internationale), il s’agit d’un expert en géomancie, science ésotérique liée à la terre.
Ce mélange entre thriller policier et épouvante surnaturelle est le point fort indéniable de cet Exhuma et est probablement à l'origine de son succès retentissant en Corée du Sud. En plus de faire souffler un authentique vent de fraîcheur sur le genre du film d’exorcisme, il a le mérite non négligeable de nous débarrasser des sempiternelles bondieuseries réactionnaires assénées à foison par les productions type Blumhouse. Le mysticisme (davantage orienté vers une conception animiste et respectueuse de la nature que vers une croyance en un dieu omnipotent) fusionne sous la caméra de Jang Jae-hyun avec une approche plus scientifique et terre-à-terre : ici, on garde ses baskets après avoir revêtu sa robe de prêtre, on discute des tarifs avec le client en fonction de l'exorcisme à pratiquer, et on prépare les rituels selon un protocole bien précis. Ajoutons à cela le folklore coréen, en grande partie inconnu du spectateur occidental, et le dépaysement est garanti.
L'intrigue, structurée en plusieurs chapitres, ménage comme tout bon polar de nombreux retournements, dont un twist central relançant complètement les enjeux et faisant surgir une menace aussi terrifiante dans son iconographie que dans sa brutalité (le film n'hésitant pas à flirter avec l'horreur gore). Un ennemi d'autant plus réussi que le long-métrage retarde au maximum son apparition tout en faisant comprendre au spectateur sa dangerosité, dans une montée en tension très spielbergienne pour un résultat d'une efficacité redoutable. Et qui, c'est assez rare pour le souligner, nous fait sérieusement craindre pour la vie de personnages suffisamment bien caractérisés pour susciter notre empathie.
Le surnaturel est également l'occasion pour le réalisateur d'évoquer le rapport aux péchés de nos ancêtres, et la façon dont ces derniers peuvent se transmettre telle une malédiction aux générations futures. On notera aussi, comme souvent dans les productions sud-coréennes, un ressentiment prononcé envers la manière dont les autorités japonaises continuent de nier les exactions commises par leur armée au cours du siècle précédent.
Si la comparaison avec The Strangers (assez inévitable au vu du genre et des thématiques abordés), ne rend pas forcément service à Exhuma tant le long-métrage de Na Hong-jin le surpasse sur quasiment tous les plans, on aurait tort de bouder ce digne représentant d'un cinéma populaire de qualité.
Créée
le 8 sept. 2024
Critique lue 14 fois
D'autres avis sur Exhuma
Honnêtement je voulais vraiment y croire, un nouveau film de folk horror coréen, avec un cast pareil, le pitch donne envie, mais au visionnage : c'est le drame, la désillusion totale.N'est pas Na...
Par
le 5 juin 2024
2 j'aime
Persuadée que leur nouveau-né est la proie d'une entité surnaturelle, une riche famille d'expatriés sud-coréens à Los Angeles fait appel à Lee Hwa-rim, une chamane, et à son équipier Yoon Bong-gil...
Par
le 13 mai 2024
2 j'aime
2
Exhuma met un peu de temps à démarrer, mais s'avère être une fort sympathique histoire de fantômes, avec une réalisation d'une précision chirurgicale, un casting de personnages assez attachant, et...
Par
le 10 juil. 2024
1 j'aime
Du même critique
Le premier film d'un réalisateur, c'est la quasi-certitude de voir à l'écran un sens de la débrouillardise quasiment imposé par le budget moindre, et une volonté de faire ses preuves qui peut tout...
Par
le 29 août 2024
6 j'aime
Si ma connaissance du cinéma de Patricia Mazuy est encore très lacunaire (car sa découverte toute récente), une chose cependant m'a sauté aux yeux dès les premières secondes de La Prisonnière de...
Par
le 30 août 2024
3 j'aime
En tant que franc-comtois ayant passé une grande partie de ses jeunes années dans le département jurassien, Le Roman de Jim ne pouvait que faire vibrer ma corde sensible. Voir transposés sur un écran...
Par
le 21 août 2024
3 j'aime