En tant que franc-comtois ayant passé une grande partie de ses jeunes années dans le département jurassien, Le Roman de Jim ne pouvait que faire vibrer ma corde sensible. Voir transposés sur un écran parisien le charme des vallées campagnardes du Haut-Jura, ou la beauté du lac de Vouglans, c’était l’effet « madeleine de Proust » assuré (ainsi qu’une pointe de fierté régionale pas trop désagréable, je dois l’avouer), et le risque de voir mon objectivité reculer au pas de course. Au prix d’une appréciation disproportionné de l’œuvre ?


Heureusement non, le film des frères Larrieu disposant de bien d’autres atouts que ses décors, à commencer par le regard sensible et profondément humaniste que les cinéastes posent sur le sujet de la paternité : l’amour parental doit-il nécessairement avoir une origine génétique pour s’exprimer ? Donner naissance à un être humain peut-il nous garantir de bien l’élever ? Qu’est-ce qu’une famille au final ? Des questions certes dans l’air du temps mais profondément complexes, qui auraient aisément pu faire basculer le long-métrage dans le pamphlet grossier ou, à l’inverse, dans le tract réactionnaire. Un écueil que les réalisateurs esquivent judicieusement en accordant à ces interrogations une empathie et une considération sincères, sans esquiver les zones floues qu’impliquent cette réflexion, que ce soit sur le développement intérieur de l’enfant dans un contexte inévitablement chaotique sous plusieurs aspects (certaines questions posées par le jeune Jim à son « père » nous laissent aussi démunis que ce dernier), ou sur les raisons qui nous poussent à vouloir rejeter ce que nous percevons comme conformiste : volonté sincère d’émancipation ou simple caprice égocentrique ? Beaucoup de questions, donc, auxquelles les frères Larrieu n’apportent pas de réponses arbitraires ou prédéfinies. Car au final, ce dont parle avant tout Le Roman de Jim, c’est de nous : de nos envies, de nos faiblesses, de nos imperfections… mais plus que tout, des sacrifices (parfois douloureux mais nécessaires) que nous sommes prêt à faire au nom de ceux que nous aimons, qu’ils soient ou non de notre chair.


Bien entendu, le film n’aurait pas le même impact sans une interprétation à la hauteur. Et sur ce point, autant dire que le casting est au diapason, entre un Bertrand Belin extrêmement touchant et une Laetitia Dosch d’une grande complexité, à la fois drôle, agaçante, fantasque et irresponsable. Mais c’est bel et bien le formidable Karim Leklou qui porte le long-métrage sur ses épaules, illuminant chaque scène de sa douceur, de sa sensibilité à fleur de peau et de son infinie bienveillance, et confirmant définitivement sa place parmi les grands noms du cinéma français actuel.


Tout ça pour dire : allez faire un tout au Jura lors de vos prochaine vacances ;-)

Little-John
8
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le 21 août 2024

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Little John

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