Film encensé à sa sortie par la critique (enfin, celle qui s'intéresse vraiment au cinéma asiatique), "Exilé" souffre d'être vu après "Vengeance", dans lequel Johnnie To reprend largement le même thème "classique" (une bande de tueurs faisant passer l'amitié devant la loyauté à un chef corrompu, et en payant le prix), mais aussi les mêmes décors (Macao) et les mêmes acteurs dans des rôles similaires. On le voit donc aujourd'hui avant tout comme un exercice de style dont on admire la forme - brillantissime comme toujours chez To (le gunfight au milieu des rideaux chez le médecin est une pure merveille !) - et aussi la légéreté rieuse. Car, s'il y a ici un hommage appuyé à Sergio Leone (les poses hiératiques, les rituels, l'harmonica, le trésor dont il faut s'emparer, les duels triangulaires, etc.), et si l'on peut aussi penser à John Woo dans la célébration de l'amitié virile jusqu'à la mort, il y a au contraire de chez ces derniers une absence de pathos telle que c'est surtout de l'énergie et de la joie qui se dégagent de cet "Exilé". [Critique écrite en 2009]