J’étais franchement intrigué et très curieux de voir comment Cronenberg allait se saisir d’un tel sujet et surtout quel type d’ambiance il pouvait nous proposer. Et je dois bien avouer avoir été déçu par l’ensemble qui ne m’a pas totalement convaincu. L’univers avait pourtant le potentiel pour faire quelque chose d’incroyable, de plus poussé dans la folie. On parle quand même d’un jeu vidéo implanté dans la chair avec des possibilités de jeu presque infinies. Au fond, j’ai trouvé ça étonnant trop terre-à-terre, trop lisse avec peu de séquences réellement marquantes. Mais le contenu du film est intéressant, il questionne notre rapport au virtuel et cette volonté constante de créer quelque chose que l’on peut contrôler tout en gardant cette crainte que cette chose nous contrôle à son tour.
Il y a aussi un aspect particulièrement dégueulasse qui fonctionne plutôt bien et est bien déstabilisant. Les habitués de Cronenberg constateront que ses fascinations pour la chair et ses transformations ne disparaissent pas dans eXistenZ. Le film est franchement bien viscéral par instants. Je le trouve par contre un poil décousu et perché, sans enjeux bien définis ni réellement accrocheurs. Je ne voyais pas tellement le principe de ce jeu et ne comprenait pas cette addiction. De ce fait difficile pour moi d’être totalement embarqué dans l’intrigue, d’autant plus que les personnages ne sont pas forcément palpitants (sans être mal écrits ni mal interprétés pour autant).
Après on a une ambiance typique de Cronenberg qui marche assez bien avec cette sensation que ce calme malsain peut basculer dans le chaos à tout moment. Je n’ai cependant pas été totalement happé par cet univers, faute de véritables enjeux. Toutefois la fin du film est plutôt bien sentie et réussie mais ça n’enlève pas tellement le goût de la déception. Il y a de bonnes idées mais pas forcément très bien exploitées, c’est assez paresseux car ça se repose un peu trop sur la succession de twists à défaut de créer un véritable liant, une progression dans le dégoût ou l'inexplicable. Un Cronenberg en demi-teinte en somme, je le préfère plus corrosif.