Pour ouvrir le 14ème Festival du Film Coréen à Paris, l’équipe organisatrice a choisi de programmer Exit, réalisé par Lee Sang-geun. Un film qui ne doit pas dire grand chose au public français, mais qui a pourtant été un véritable carton en Corée du Sud, rassemblant presque 10 millions de spectateurs dans les salles. C’est donc l’occasion de découvrir le grand succès sud-coréen de cet été/automne 2019, qui permet de démarrer cette semaine de cinéma coréen sur les chapeaux de roues.
J’ai pu dire, à plusieurs reprises, en parlant de films sud-coréens, que l’une de leurs particularités était d’avoir un goût et un talent pour le mélange des tons et des genres. C’est une chose généralement peu commune chez nous ou dans le cinéma américain, qui fait une des spécificités du cinéma coréen, et qui a toujours tendance à surprendre les spectateurs occidentaux. Et Exit est un nouveau très bon exemple en la matière. En effet, la première partie du film se base sur de nombreux ressorts comiques pour introduire les personnages et amuser le spectateur, qui pense alors avoir à faire à une comédie. Pourtant, le film va peu à peu passer de la comédie pure à un mélange intéressant de thriller et d’action, sans jamais délaisser totalement ses aspects comiques.
En effet, Exit est un véritable concentré d’énergie, un film drôle, prenant, et stressant, qui sait manier le sens du suspense et de la comédie pour un cocktail détonant. Il n’y a quasiment jamais de temps mort dans ce film, qui alterne avec habileté séquences héroïques et rebondissements comiques et, alors que le film se termine, on peine à croire qu’une heure quarante sont déjà passées. L’une des autres grandes qualités d’Exit, c’est sa capacité à tenir le spectateur et à l’impliquer au maximum dans le film. Dans la salle, les spectateurs ont tantôt ri, poussé des clameurs et retenu leur souffle, dans une séance que tout le monde a vécu à fond.
Difficile de donner une véritable étiquette à Exit, qui n’est pas tant un film catastrophe qu’un thriller ou une comédie. Cela se matérialise notamment à travers le personnage principal, loser magnifique dont les autres se moquent, mais qui n’hésite pas à montrer sa bravoure lors des instants les plus critiques. Exit, sous couvert de cette histoire de dispersion d’un gaz toxique en pleine ville, est avant tout un film sur la famille, la société et l’émancipation. Yong-nam, le fils moqué car sans emploi et célibataire, parvient à montrer ses qualités, notamment grâce à ses talents en escalade, et à prendre son indépendance vis-à-vis de sa famille. C’est grâce au fruit de son propre travail qu’il prend son envol, et qu’il suit son propre chemin, en compagnie d’Eui-joo, son ancienne petite amie, qui l’avait quitté, mais qui pourrait bien de nouveau se rapprocher de lui grâce à cette mésaventure. C’est, quelque part, une représentation de l’émancipation du fils, d’un véritable passage à l’âge adulte, et aussi l’amorce de la vie en couple.
Exit s’amuse des défauts de la société coréenne, très à cheval sur les apparences et sur le statut social, notamment acquis grâce au travail, en plus de s’intéresser aux rapports humains et familiaux dans leur globalité. Voilà un très bon divertissement, qui fait rire et frissonner, qui ne s’essouffle jamais et ne laisse aucun temps mort. Libre au spectateur d’apprécier ou non sa propension à beaucoup miser sur les effets comiques, mais il est certain qu’Exit est la garantie d’un bon moment.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art