Avec sa jaquette lorgnant du côté des productions bas de gamme des années 90, son pitch léger et son casting de seconds couteaux, Exit Speed avait de quoi faire peur d’autant plus que son réalisateur Scott Ziehl n’a pas une filmographie des plus bandantes, essentiellement composée de direct to vidéo voire de téléfilms à l’instar de Sex Intentions 3 (yerk), Road House 2 (sik) ou encore Earth vs. the Spider (mama mia !). Pourquoi s’y intéresser me direz-vous ? Allez savoir, une bande annonce accrocheuse peut-être, annonçant une série B bien punchy, ma toujours irrésistible envie de dénicher des petits films méconnus mais qui valent la peine d’être vus… Un peu des deux en fait, et grand bien m’en a pris car à défaut d’être novateur sur quoi que ce soit, on tient là une petite bobine des plus divertissantes.
Le film commence sur les chapeaux de roue, l’histoire s’installant dès les premières minutes et nous met face à une sorte de croisement entre Speed et Mad Max où un bus rempli d’américains moyens se rendant à el Paso se fait attaquer par des motards dont on ignore réellement les motivations. Ce qui frappe de suite, c’est la violence de certaines scènes, lorgnant parfois même un peu vers le gore. Ces petites montées sanglantes ne quitteront d’ailleurs jamais le film et même après le revirement au bout de 30 minutes vers une sorte de huis clos à ciel ouvert à tendance survival, un peu plus posé en terme d’action, on retrouve régulièrement ces pics de violence graphique qui empêchent le film de stagner au niveau du petit téléfilm gentillet. Corps écrasés par un bus, personnages transpercés par des barres de fer, coup de fusil à pompe dans l’abdomen faisant jaillir tripes et boyaux, le réalisateur sans jamais choquer arrive malgré tout à rendre l’ensemble suffisamment intense.
D’autant plus qu’on s’attache à ces personnages pourtant au départ assez lambda. Sous leur aspect de « monsieur et madame tout le monde », on espère qu’ils finiront le film en un seul morceau. C’est aussi grâce à des acteurs des plus charismatiques comme par exemple Desmond Harrington, qu’on a pu voir dans Détour Mortel ou la série Dexter, Lea Thompson qui a interprété la mère de Marty McFly dans les Retour vers le Futur, ou encore Fred Ward que les amateurs de péloches funs ont pu voir dans les deux premiers Tremors. [SPOILER] A noter le coup du soit disant héros qu’on nous présente dès le début mais qui décède au bout de 5 minutes, un peu à la manière du Feast de John Gullagher. [FIN SPOILER]
Malgré un faible budget de 3.7 millions et des lieux de tournage en quantité limitée (un bus, une route, une casse auto), Scott Ziehl arrive à garder un bon rythme tout le long de son film. Même si on a quand même un arrière gout de recyclage de choses vues à droite à gauche, l’ensemble est assez homogène et accrocheur pour tenir la route de bout en bout et c’est non sans intérêt qu’on suit cet affrontement parfois un peu statique (dans le bon sens du terme) entre ce groupe d’américains moyens se transformant peu à peu en machine à tuer et ces bikers dont on ignore tout, ce qui les rend d’ailleurs que plus froids et effrayants.
Les gunfights sont correctement emballés, sans réel génie non plus, mais ils ont l’avantage de proposer des armes plus originales qu’à l’accoutumée, j’en veux pour preuve avec cette jeune fille adepte du jeu de rôle grandeur nature qui va se servir d’un arc elfique (avec maestria) ou de ce vieux mexicain qui va fabriquer un « lance patate » grâce auquel il vont canarder les ennemis de cocktails molotov. Un tube en fer, un appareil photo jetable, de l’éther, et hop, le tour est joué ! Un vrai petit Mac Guyver en herbe.
Soyons tout de même clair, Exit Speed est loin d’être un chef d’œuvre, il n’en a d’ailleurs pas la prétention. Néanmoins, on sent qu’il n’a d’autre but que celui de divertir le spectateur et sur ce point là, il fait très bien son boulot. Une série B bien troussée.