Retour aux sources

Avec ce film, Ridley Scott revient aux sources après deux films plutôt décevants (Robin des Bois et Cartel) avec Exodus: un péplum aux gros moyens, retraçant l'histoire, sur une dizaine d'années, de Moïse et surtout son exode de l'Egypte à Canaan. Rappelant facilement Gladiator, ou même Kingdom of Heaven, Exodus offre ainsi un récit à prétention historique puisqu'on a droit à un univers égyptien extraordinairement bien reconstitué, même si contrairement aux deux derniers films cités il n'y a cette fois aucune (ou vraiment très peu) vraisemblance historique.
C'est cependant avec le même esprit que Kingdom of Heaven que Scott aborde ce film: s'il n'est plus question de croisade, il est tout de même question de chocs des cultures parce qu'à l'opposition chrétiens/musulmans de Kingdom of Heaven on peut établir un parallèle avec l'opposition égyptiens/hébreux d'Exodus; tout cela, caractérisé par un conflit entre Ramses et Moïse, présentés comme deux frères aux caractères relativement opposés encore une fois.
Soyons francs tout de suite: Exodus est un bon film, même s'il ne parvient pas au niveau de Gladiator. Il parvient cependant à côtoyer celui de Kingdom of Heaven; d'abord, de par les plans géniaux propres à Scott, que ce soit de la cité égyptienne, de la représentation des dix plaies d'Egypte ou des scènes de l'exode (dont celle que l'on voit dans la bande-annonce: lorsque Moïse ouvre la mer en deux). Ensuite, par des personnages forts en symbolisme et en caractère, avec le charisme en plus, d'ailleurs: il n'y a absolument rien à reprocher à Christian Bale ou à Joel Edgerton dans ce film où ils remplissent leur rôle à merveille. Le personnage de Moïse propose d'ailleurs une analyse assez intéressante, puisque la question de la schizophrénie se pose plusieurs fois, notamment lors des "apparitions divines".
Il y a néanmoins certains défauts au film: si le scénario (ou plutôt la mise en scène des événements de la vie de Moïse) est correct et parvient à ne pas être trop manichéen, le film n'a pas vraiment la profondeur de Kingdom of Heaven (la comparaison revient souvent, mais à raison) puisque pour adhérer à l'intrigue Scott est obligé d'admettre un Dieu qui existe. La seule réflexion que l'on pourra faire sera alors plutôt liée à l'ego des hommes, qui en s'enrichissant et en vivant comme des rois, finissent par se prendre pour des dieux. Par ailleurs, le message du film est assez simple au final: Dieu défend les faibles et si l'on croit suffisamment en lui, il nous soutiendra toujours. Enfin, on pourra tiquer devant le jeu de l'actrice choisie pour jouer la femme de Moïse. Un film correct donc et divertissant, de la part de Ridley Scott, qui ne renoue tout de même pas forcément avec son meilleur niveau.