Ah merde. La tuile. Je pensais trouver plein de critiques, pour mieux comprendre le film, faire moi-même un état des lieux assez largement pompé d'autres analyses de membres bien plus intelligents que moi puis récolter une petite dizaine de likes easyjet, comme on dit dans le milieu de l'aviation. Le seul souci, c'est que le film n'est vraisemblablement pas encore sorti. Donc, le postulat de départ va être très simple : je n'ai jamais vu le film, et je fais la critique d'une supposée oeuvre qui est supposée sortir en 2016, supposément le 27. Cependant, vu que le réalisateur, Michael Almereyda, a déjà fait tourner Julia Stiles dans l'un de ses films, on imagine clairement le visionnaire qu'il est. Sans ironie aucune, on ne blague pas avec les blondes par chez moi.
L'autre souci de Experimenter, c'est que si tu pianotes sur ton portable deux secondes pour terminer ta partie de Candy Crush, car quand même ça casse les couilles de la recommencer dix fois, tu te retrouves complètement perdu dans l'histoire, car le Dr. Milgram s'adresse quasiment toujours à toi. En effet, cet effet de manche à la House of Cards (Il est évident que cette série n'a fait que populariser l'acting face-caméra, ne me prenez pas le chou avec mon manque de références) qui s'avère assez utile - pour une fois, implique directement le spectateur dans les expériences du Dr. Milgram, mais plus globalement tout son mode de pensée, qu'il soit plongé au coeur de sa vie quotidienne ou en pleine réflexion vis à vis de la psychologie sociale qu'il idolâtre tant. Experimenter est très intéressant cinématographiquement parlant, car l'utilisation de faux décors intérieurs, ou cet échange quasi-permanent avec le spectateur, participent pleinement à l'aspect théorique et expérimental du projet. Nous ne sommes pas dans la réalité mais toujours à cheval entre le discours et la méthode. Descartes, un check pour la famille.
Experimenter est atypique et très distant par rapport à ce que devait être un biopic. Il n'a pas vocation à structurer l'expérience pour ensuite en désamorcer les conséquences, comme ça pouvait être le cas dans L'Expérience ou même dans Le Direktør, un peu plus burlesque et fictif. Il réoriente la pensée du Dr. Milgram et la généralise lui-même avec d'autres expériences et d'autres schémas existants pour faire réfléchir le spectateur. 1984 n'est jamais très loin et pour cause, si c'est la date de la mort du personnage principal, c'est aussi les fondations d'une expérience sociale qui est la droite lignée de ses travaux : la télé-réalité, ou la réalité d'enfermement, au sens strict du terme.
Au final, Experimenter peut se targuer d'être original sans être pompé, malgré quelques scènes verbeuses au possible, et une propension à très peu contextualiser les choses. Le manque d'affect m'a aussi passablement gêné, là où Une merveilleuse histoire du temps m'avait bluffé - même si ce dernier, pour le coup, faisait le chemin inverse sans presque faire état du génie de Hawking. Le casting est correct sans être particulièrement efficace, Peter Sarsgaard fait forte impression, Winona Ryder reste anecdotique. Une expérience concluante et sociologiquement intéressante.
Enfin, je le devine. On verra ça quand il sortira.