On ne peut que rester un peu sceptique face à Extrêmement fort et incroyablement près. Bien sûr, on ne peut pas rester insensible au sujet de départ (le vécu du post-11 septembre par une famille de victime, en l’occurrence une mère et son fils Oskar qui ont perdu leur mari et père dans l’attentat). Bien sûr, on peut tout à fait s’identifier au traitement de certains thèmes, et notamment la quasi-idolâtrie maladive du répondeur téléphonique contenant pour toujours les derniers messages laissés par le père avant l’effondrement des tours. Ceci dit, on se rend compte que toute autre catastrophe aurait pu servir de prétexte à ce traitement : transparaît évidemment le choix un peu opportuniste du sujet qui parle évidemment à tous et ne manquera pas d’émouvoir plus facilement ; chacun se souvenant plus ou moins de ce qu’il faisait « le pire jour », pour reprendre les propres termes d’Oskar. Mais c’est surtout le fil conducteur du film qui laisse perplexe : cette quête initiatique du fils qui va tout faire pour retrouver la serrure correspondant à la clé cachée dans le vase retrouvé dans les affaires de son père. On navigue alors entre conte philosophique et chasse aux trésors (avec un -petit- air de Goonies), entre les flashbacks mettant en scène un père doux-dingue (joué par Tom Hanks) et l’assistance du vieux sage muet joué par Max von Sydow. Reste Sandra Bullock en mère de famille -apparemment- désemparée qui joue un joli rôle à contre-emploi. Mais elle n’efface pas la plus grande faiblesse du film : d’un film fort sur un drame universel, Stephen Daldry se retrouve au final avec une pseudo chasse aux trésors qui parlera finalement davantage aux plus jeunes et à l’enfant qui sommeille en chaque spectateur. Loin d’être désagréable… mais on aurait pu s’attendre à plus de la part de Stephen Daldry.