-Je sais ce qu'il nous reste à faire.
-Quoi?
-Baiser!
Dernier plan canicule et fin des violentes chaleurs, une parfaite coïncidence pour clore au mieux cet enchaînement de critique ironique pour passer tous ensemble ce calvaire étouffant. Pour ce faire je vais transmettre le meilleur plan pour surmonter cette fournaise... se mettre à poil ! Le nu est l'honnêteté du corps, une délivrance que tout le monde devrait avoir surtout en cette période. Comme finis par nous l'apprendre le couple Cruise-Kidman l’indécent n’est pas le nu mais le troussé. Alors vous savez ce qu'il vous reste à faire, lire cette critique croustillante dénudé !
Le lundi 1 juillet 2019 température 30 degrés, critique 6/6 "Eyes wide shut."
Le dogme de Stanley Kubrick dans une donation ultime en guise d'héritage fantasmagorique sur les désirs chimériques d'un homme perdu dans les limbes de la luxure. Une descente orgiaque prenant la forme d'un rêve éveillé indécent et troublant. Les tentations physiques d'un voyage orgasmique dont Kubrick est le pourvoyeur ainsi que le juge.
Une satire sociale décortiquant les déboires de la monotonie d'un couple tombé dans la fatalité de la récurrence platonique et ennuyeuse qui se retrouve perturbée par les fantasmes d'une femme qui conduira son mari à s'interroger sur ses désirs. Voyant cette révélation comme une ouverture vers un monde trop longtemps privé tel un cadeau béni des dieux perçus d'un oeil trop gourmand.
-Avec qui tu dansais ?
-Un ami des Ziegler.
-Que voulait-il ?
- Que voulait-il ? Que voulait-il... Baiser.
La puissance d'Eyes wide shut vient de cette atmosphère saisissante révélatrice d'un New York malsain dans lequel Tom Cruise déambule durant la nuit. Une dérive obsessionnelle conduite par le fil invisible de la jalousie quant à l'idée que sa femme couche avec un autre homme, mais surtout tirant profit de la situation procuré par une forte tentation de perversité.
Le génie veut sortir de la lampe.
Les déboires secrets derrière la vision idéaliste du parfait petit couple riche. L'envers du décor sous forme d'un trompe-l'œil sociétal que dénonce Stanley Kubrick et que Nicole Kidman affirme par sa réponse claire à ''que faire face à toute cette perfidie'' par un Tom Cruise désabusé et anéanti. Une réponse froide, limpide et pourtant honnête... BAISER !!!
Une fin à interprétation qui selon moi souligne un fait précis terriblement aigre mais réaliste. On ne peut rien faire face à notre nature profonde, alors plutôt que de vouloir l'affronter autant l'embrasser ensemble. La vision idéaliste puritaine de Tom s'écroule pour un passage vers la maturité abrupte par une plongée sexuelle corruptive. L'amour existe, mais pas la fidélité.
La réalisation de Stanley Kubrick est toujours aussi spéciale avec une technique d'exécution une fois de plus impressionnante emplie d'intelligence et d'ingéniosité. Une œuvre techniquement déconcertante dans son esthétisme et son rythme lent.
La mise en scène autour du ressentie de Tom Cruise par une fixation expressive atteint la perfection. La photographie des divers points de chute vers la perversion de la ville resplendie par un cadrage intuitif. Le récit est transporté par la vision de son réalisateur délivrant des dialogues aux p'tits oignons.
La distribution est soignée. Une incarnation surprenante de Tom Cruise qui fait preuve de crédibilité et de justesse. Un homme un peu trop confiant qui va se retrouver confronté face à ses propres fantasmes dont ceux de sa superbe femme Nicole Kidman et ses belles petites fesses rosace. Entre eux une tension palpable empreint d'alchimie sincère.
Les musiques de Jocelyn Pook sont virulentes, accentuant de bien étrange manière certaines séquences par cette ambiance sonore dérangeante atteignant son paroxysme durant l'orgie secrète. Une scène incroyable délivrant les fantasmes les plus fous dans un esthétisme dingue aux notes lourdes de piano.
Une danse des corps nus avec des centaines de morphologies s'entremêlant dans une luxure de débauche où seuls les corps chauds et humides alliées aux souffles haletants des jouissances sont perceptibles. Le fantasme devient alors réalité.
Et qu’aucun rêve ne soit jamais qu’un simple rêve.
CONCLUSION:
Eyes wide shut est la dernière oeuvre du très regretté Stanley Kubrick. Pour ce dernier voyage il nous plonge allègrement dans les méandres de la vie de couple et de cette soit disante représentativité parfaite qu'il se fera un plaisir de mettre à mal de manière subtile, lascive et lubrique. Une révérence techniquement exceptionnelle dans sa réalisation appuyée par un casting excellents auquel je ne reproche que sa trop longue durée.
Une sucrerie a délecter avec insatiabilité.