F comme Fin.
Je ne veux pas jouer mon côté ragot, mais avant de commencer ce film, il faut se rappeler que Patrick Dewaere et Miou-Miou étaient séparés au moment de tourner, cete dernière l'ayant quitté pour le...
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le 10 sept. 2013
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Ça fait maintenant un peu plus d'une semaine que j'ai vu ce film. Sur le coup j'avais déjà senti que c'était un coup de cœur. Mais des fois cette impression est trompeuse, elle ne dure qu'un jour ou deux puis l'effet que le film a eu sur nous retombe, et on se rend compte que finalement, on ne l'a peut-être pas tant adoré que ça ce film.
Et bien dans le cas de F comme Fairbanks, c'est un véritable coup de cœur, que je ressens toujours et qui continue à me marquer, même huit jours plus tard. A cause de ce délai qu'il m'a donc fallu pour me décider à écrire cette critique, je ne me souviens déjà plus assez bien du film pour écrire une critique constructive sur son rythme, sa photographie, ou les nombreux éléments que je devrais normalement aborder. Non, tous ces éléments ne seront pas dans ma critique, car ce qui est resté aussi intense depuis cette nuit où j'ai vu F comme Fairbanks, ce n'est pas ma mémoire, c'est mon coup de cœur. Je ne veux pas écrire objectivement, je veux écrire ce que j'ai ressenti.
Mais alors qu'ai-je ressenti ? Qu'est-ce qui m'a marquée ? Et bien ce qui m'a marquée, c'est ce flou entre fiction et réalité, que beaucoup évoquent dans leur critique. J'ai eu l'impression de regarder une autobiographie, voire même la vie d'un homme en direct. Et ce pour plusieurs raisons : déjà évidemment parce que Patrick Dewaere est un acteur si talentueux qu'on ne se dit même plus que c'est un acteur. Ça peut sembler normal, mais finalement peu d'acteurs sont assez bons pour nous faire complétement oublier qu'on regarde une mise en scène et que le personnage n'existe pas dans notre monde. Mais dans F comme Fairbanks (et d'ailleurs dans tous les autres films que j'ai vu avec lui), Dewaere n'existait pas, il n'y avait pas de Dewaere, il y avait André Fragman.
Ce qui place aussi ce film à la frontière entre la fiction et le réel, c'est la similitude entre la vie de Dewaere et la vie de son personnage. Tous deux sont passionnément amoureux d'une femme, pour tous deux la rupture avec celle ci est un déchirement. Patrick Dewaere aimait Miou-Miou, André Fragman aimait Marie, interprétée par Miou-Miou, dont la rupture se déroulait en plus pendant le tournage. Mais donc finalement, Dewaere l'acteur est bien présent, contrairement à ce que j'ai écrit plus haut ? Oui et non, et puis je ne sais plus. C'est Dewaere et c'est pas Dewaere. Quoi qu'il en soit, le constat reste le même : le personnage semble vivant et bien réel. Cette similitude apporte surtout de l’authenticité au film, ce qui accentue encore plus son réalisme. Ce que vit le personnage est vécu par d'autres. Surtout qu'au final, André Fragman est un homme comme tous les autres. C'est un homme simple, ancré dans un contexte (le début du chômage). Cet homme qui cherche du travail, ce n'est pas un héros, contrairement à ce que laisse penser le surnom que son père lui donne : Fairbanks, c'est juste un homme.
André Fragman pourrait être moi plus tard, ou plutôt je pourrais être lui, mes amis pourraient être lui, ceux que je croise dans le métro pourraient être lui. Le personnage est fictif mais sa vie est réellement celle de nombreuses personnes. Et voir ce personnage qui semble si réel dans son intimité, dans ses moments de bonheur, puis dans ses moments de tristesse, de malheur... c'est touchant. C'est même marquant. C'est marquant parce qu'on le voit s'enfoncer de plus en plus dans la dépression, que ça en devient insupportable tellement on a l'impression d'être témoin de la destruction d'une personne réelle, sans pour autant pouvoir intervenir, et il est parfois tentant d'appuyer sur la touche pause de la télécommande, d'aller se faire un café pour se rappeler qu'il ne s'agit que d'un film, que d'une fiction. 'Bon dieu Dewaere, joue moins bien ! Je te crois trop là !' Je me souviens, lors d'une scène où Fragman allait mal, m'être rappelé que Dewaere mettait en scène un suicide dans un de ses films. Et je me souviens m'être dit : "Oh non, si ça se trouve c'est dans celui-ci, c'est dans ce film !" J'ai hésité à couper le film, parce que je savais que je ne supporterais pas une telle scène dans un film qui me semblait si réel.
Au final, ce film est une expérience. Je crois que jamais je n'ai autant ressenti de sentiments devant un film. Ce film fait du bien, on sourit - avec ce sourire sincère que l'on a lorsque nos amis sont heureux - en voyant le personnage l'être aussi, heureux, en le voyant former un couple, en le voyant s'amuser. Ce film fait mal, très mal, on pleure en voyant le personnage se briser, perdre espoir, craquer complètement.
Quelques instants avant de tourner une des scènes les plus émouvantes du film, Dewaere aurait déclaré au réalisateur "qu'il ne sera en mesure de faire qu'une seule prise, compte tenu de l'intensité dramatique de la séquence."
« Je vais tout donner... Arrange-toi pour qu'il n'y ait personne sur mon passage »
Sur ton passage Dewaere, il y avait moi, et tu m'as bousculée. C'était violent. Quand la magnifique musique que tu as composée s'est faite entendre lors de la dernière scène, je n'ai pas pu retenir mes larmes. Elles ont continué à couler même une fois le générique fini. Je suis restée assise quelques minutes dans mon fauteuil, puis j'ai soufflé un bon coup et j'ai éteint la télé.
"Pfff... que d'émotions, quelle expérience !"
Et dire que je pleure jamais devant un film.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
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le 10 sept. 2016
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