*Toni Erdmann* est un film qui se veut probablement réaliste. Mais à trop se soucier du réalisme, on en vient à se demander si l'aspect distrayant du film n'a pas été mis de côté, au risque de plonger le spectateur dans l'ennui. Je ne peux pas confirmer que Maren Ade connaît la vie en entreprise, puisque c'est un univers que moi-même je ne connais pas. Mais ce n'est pas le problème car de mes yeux de spectatrice ignorante, les événements me semblent réalistes, trop réalistes même : la réalisatrice inflige au spectateur de longues scènes sans fantaisie, on suit le personnage, on assiste à des réunions auxquelles on ne comprend absolument rien. Certes, cette incompréhension du spectateur face à ce monde rempli de chiffres et de termes complexes peut créer une connivence avec le personnage du père, puisqu'au final, comme lui on se retrouve coincé dans un univers auquel on est étranger. Mais comme lui, on ressent aussi beaucoup d'ennui, d'autant plus que le rythme est très lent. Quel est donc l’intérêt pour le spectateur à regarder 2h40 de vie professionnelle filmée de façon très terne.
Certes, il ne faudrait pas réduire *Toni Erdmann* à cet ennuyeux réalisme, puisque le film raconte quand même une histoire. Mais malheureusement, les personnages ne parviennent pas à colorer le film. La fille, Ines, est beaucoup trop froide pour parvenir à créer un lien émotionnel avec le spectateur, et le père n'est finalement pas assez fantaisiste pour apporter réellement cette touche d'humour pourtant tant vantée à Cannes. Au final, de ces 2h40 de moments ternes, seules deux scènes ressortent : la chanson chantée par Ines qui, en plus d'être un des rare moment où la fille se dévoile un peu, est un des rares moment où de la musique peut être entendue, ce qui rend la scène d'autant plus marquante. La scène du repas d'anniversaire, quant à elle, est peut-être le seul passage réellement comique du film, mais ce passage arrive trop tard et est reçu surtout comme un dédommagement.
Au final, même si on peut comprendre la démarche de Maren Ade, le résultat n'est pas appréciable parce que trop froid, trop long et sans intérêt émotionnel.