Débauches et sentiments à vif, image éblouie : la vie, la vie comme Cassavetes seul savait la filmer ! "Faces" est le meilleur manifeste de la mise en scène de Cassavetes, sa caméra accompagnant ici un couple en panne, dans leurs aventures extraconjugales. Et si l’intrigue s’égare un peu (Cassavetes ayant apparemment peiné au montage à contenir son film dans une durée de deux heures vingt), la caméra inscrit littéralement le temps dans le corps des acteurs, un temps qui est ici celui de l'épuisement. Si on connaît bien désormais ce filmage "à l'épaule", ce choix obstiné d’une certaine fragilité du plan, et dans "Faces", on sent bien ici combien l’oscillation, l’hésitation entre le mouvement et la fixité de la caméra, renforce sans cesse la tension née du jeu des acteurs. [Critique écrite en 1993]