Voilà la véritable fonction de Michael Moore, voilà son réel but. Bien sûr que ses films divisent. Si ce n'était pas le cas, cela prouverait que notre monde est devenu complètement inconscient, que personne n'en a rien à foutre et que Moore aurait raté ce qu'il doit penser comme étant sa mission. Ça me rassure, moi, qu'on ne soit pas tous d'accord sur ces films. Si ils faisaient l'unanimité, ça me ferait grave peur ! Ce sont des films qui sont conçus pour déranger, pour nous secouer. Ce sont des films qui tendent le miroir, en commentant sans monotonie, pour tenter de nous faire remettre en question. Pour "Fahrenheit 9/11" (foutu titre compliqué à réécrire !), certes, on aurait pu tomber facilement dans la propagande. Mais ce n'est pas le cas. Tout simplement parce que la propagande ment, et que Moore ne fait hélas que montrer. Y'a pas de fiction dans ce film (alors que même dans "Bowling for Columbine" il y en avait un peu), tout est vrai, et c'est ça le plus flippant. Moore a voulu jouer un rôle citoyen. Parce que le premier acteur de l'histoire du cinéma, c'est le Peuple (clin d’œil aux frères Lumières de ma part). C'est pour lui que Moore a voulu parler. Et c'est pour toutes ces raisons, j'en suis persuadé, que Moore a gagné sa Palme d'Or. Quoi qu'on pense du film, il faut regarder les intentions du film, son statut de documentaire aussi, pour s'assurer de la pure satire politique et utile qu'il est.
Comme rien dans ce film n'est objectif (Moore comme le public politique), je précise tout de suite qu'il n'y a pas d'hommes que je déteste plus que les Bush père et fils. Si je pouvais tuer Georges W. Bush comme ça, je pense que je le ferai. Je fais parti de ceux qui ne croient pas que le 11 Septembre se soit passé comme dans la version officielle (ce que Moore pense aussi d'ailleurs), sans non plus sombrer dans les extrapolations complotistes. Alors, forcément, un film qui démontre toute l'étendue de son incompétence, de ses tendances dangereuses et de sa saloperie humaine, ça ne pouvait que me plaire. Or, j'ai eu la satisfaction de n'avoir pas seulement rigolé (Alors que tout allait mal, il a fait ce que nous aurions touts fait à sa place: il a pris des vacances !). Je n'ai pas seulement joui en voyant toutes les preuves de son imposture s'accumuler. Je n'ai pas seulement été instruis de nouvelles choses, obscurcies depuis, que le film grave dans l’Éternité de l'Histoire américaine (qui se souvient des remous de son premier jour d'investiture ? Sa réaction quand il a appris les attentats du 11 Septembre ? Ou tout simplement le fait qu'aucun député n'a défendu des Afros-américains au Congrès ?). Je n'ai pas seulement ressenti de nouveau la révolte face à une telle société meurtrie de l'intérieur à cause d'un assassin au pouvoir (malgré que je n'approuve pas vraiment le statut de voyeur qu'on impose aux spectateurs lorsqu'on suit la mère d'un soldat mort, histoire qu'on voit bien à quel point elle est détruit...).
Non, j'ai été émeu, émeu à en pleurer.
Et même plus, bouleversé.
Mais c'était hier... sur l'échelle de l’Humanité, c'était même il y a 5 minutes...
Le 11 Septembre, relaté en étant complètement centré sur les réactions du peuple (toujours la même volonté de Moore de parler pour les victimes), par-dessus une musique déchirante. Rarement l'Apocalypse de ce jour maudit n'aura été aussi bien retranscris, et pourtant on ne voit jamais les Tours.
Le simultané entre Bush qui déclare rétablir la Paix en Irak... et les images des destructions de bâtiments dans ce pays. J'admire sincèrement le travail de montage du film, qui est magnifiquement construis.
Et puis, tous ces soldats, ces mères implorant Allah, ces enfants morts, tout ça au nom du fric, au nom d'un enfoiré de première classe... La rage monte aux yeux, inévitablement.
C'était si injuste...
"On ne m'aura pas deux fois". Hélas, si. Moore a raté le but premier du film, peut-être dû en partie au fait que le film cherche tout le temps à le démonter et que ça a du froisser sa crédibilité aux yeux de certains électeurs... Il a re-tenté pour Trump, une fois de plus ça a loupé. Une fois de plus, les Américains regrettent et s'immaculent de sang.
Et c'est toujours les mêmes qui souffrent. Un extrait du film le prouve explicitement d'ailleurs.