Fair Game est un pari risqué pour Doug Liman, le pari de faire un film qui ne serait pas un thriller, ni un film d'action, mais qui serait intéressant quand même. D'autres y arriverait sans problème, mais connaissant la filmo du bonhomme (La Mort dans la peau, Mr. and Mrs. Smith, Jumper) on était en droit d'avoir des doutes.
Heureusement, le réalisateur s'en sort très bien; le film, tiré d'une histoire vraie, s'intéresse aux origines de la seconde guerre du Golfe, mais dépasse rapidement ce postulat de base pour se concentrer sur la vie de Valérie Plame, agent de la CIA chargée d'effectuer une enquête sur la prolifération des armes de destruction massive en Irak. L'espionne est cependant rapidement mise sur la sellette quand son diplomate de mari met en exergue les exactions du gouvernement américain, qui pour sa part n'a pas vraiment attendu de savoir s'il y avait des armes de destruction massive en Irak pour y envoyer ses boy scouts (étrange, n'est-ce pas?).
Le film joue intelligemment sur deux tableaux, celui de la vie privée des Plame (et le contraste très marqué entre l'avant et l'après "incident"), et le portrait parfois au vitriol d'une bureaucratie américaine tentaculaire et impitoyable. Ce genre de propos n'est pas neuf (depuis quelques années déjà l'opposition se fait entendre) mais est traité ici avec une grande efficacité, justement grâce à cette étude très fine de la personne privée, chose qui jusqu'alors était mise de côté au profit du tableau des organisations ou de la société américaine. Fair Game manque parfois de piment, de fougue, et se traîne quelques longueurs, défauts imputables à son classicisme certain, mais la force du propos lui redonne une certaine efficacité, de sorte que l'on a toujours envie d'aller plus loin dans le film pour connaître le fin mot de l'histoire.
Naomi Watts et Sean Penn sont impeccables comme à leur habitude, chaudement recommandé.