Premier film que je vois au ciné, sur grand écran, depuis presque sept mois.
Et premier film (en partie autobiographique, je pense) de Viggo Morgensen qui l'a écrit, réalisé et qui interprète un des deux rôles principaux, l'autre, le rôle de Willis, son vieux père plus ou moins atteint d'un Alzheimer, étant joué brillamment (un poil surjoué ?) par Lance Henriksen.
Comme premières réactions, je dirai que la construction du film, faite de multiples allers et retours entre présent et passé, est un peu lassante et qu'on est assez rarement surpris par les péripéties du film.
Ce qui peut paraître surprenant, c'est le rôle que se donne Mortensen, celui d'un fils homo de 50-55 ans, pilote d'avion, en couple et même marié avec un infirmier mi-Chinois, mi-Hawaïen.
Difficile de croire à ce couple, on se dit que... c'est du cinéma.
Par contre, le portrait du père (tantôt à 25-40 ans, tantôt en fin de vie) est assez fouillé, intéressant et plutôt réaliste, bien que très chargé et presque caricatural quand on nous le montre décrépit, à moitié gâteux, mais violent et 99% odieux. J'ai même trouvé que, psychologiquement, ça devenait presque incrédible, tant ce vieillard abuse et exagère.
N'empêche que le film n'est pas désagréable. La photo est souvent jolie, parfois poétique. Les acteurs justes et convaincants. J'ai bien aimé l'évocation de la jeunesse du personnage que joue Mortensen. Les acteurs jouant son père et sa mère jeunes (Sverric Gudnason et Hannah Gross) sont bien dans leurs rôles. J'ai bien aimé la façon discrète et un peu mystérieuse dont est évoquée la jeune mère (Gwen), ainsi que les rapports entre le père et le fils quand ils ont l'un 25-40 ans et l'autre 5-10 puis 15 ans. Ça n'est pas appuyé, c'est juste esquissé, évoqué, un peu flou et c'est très bien comme ça.
Par contre, le film manque de progression dramatique, est assez maladroitement construit.
On peut me retourner le reproche, car c'est ma première critique de film depuis quelque 200 jours et du coup, j'écris ça tout à trac, de façon, j'imagine, confuse, au fil de la plume et de mes idées, mais peut-être irai-je revoir le film et dans ce cas, je retoucherai mon texte.
En tout cas, le film ne m'a pas déplu. Un peu déçu quand même. J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, à me sentir concerné par les rapports entre ce vieil homme grincheux et violent et son fils navré, compréhensif et incapable de faire entendre raison à son vieil entêté de père.
On sait, selon la formule bien connue, que la vieillesse est un naufrage, mais ça n'est jamais très divertissant à regarder.
Par ailleurs, comment ne pas remarquer que Mortensen (une beauté, il y a encore quinze, vingt ans) s'est assez sensiblement enrobé...
Je reprends. Un premier film un peu longuet et peut-être maladroitement construit, mais les images sont souvent belles et le casting suffisamment pertinent pour qu'on s'attache aux personnages en dépit d'un sujet difficile.
Avec, en prime, l'apparition très second degré de David Cronenberg en urologue effectuant un toucher prostatique sur le vieux grincheux.
Et puis, le film ne manque ni de contenu ni de sincérité.
Pour ma part, j'ai été plus sensible à l'évocation que fait Mortensen de l'enfance et de l'adolescence de celui qui apparaît comme le narrateur implicite de l'histoire. C'est ce que j'ai trouvé de plus réussi, ses souvenirs d'enfance et le portrait qu'il dresse de ses parents jeunes. De sa mère surtout, disparue trop tôt et à qui il reste clairement très attaché, mais aussi de son père, quand il était plein de force, de vie, de morgue et de virilité.
Les rapports père-fils, un demi-siècle plus tard, sont plus éprouvants, plus froids, plus convenus, me semble-t-il, ou prévisibles, bien que traumatisants, bien sûr.
Mais sans doute que l'opposition entre les deux temps de l'existence (les matins pleins de découvertes, d'attentes... et le crépuscule, plein de souvenirs) est ce que l'artiste Mortensen a voulu montrer ou, plutôt, étudier. L'ensemble n'est peut-être pas très homogène ni totalement réussi, mais il y a une ambition dans cette oeuvre et c'est pourquoi elle mérite d'être vue. Et que je la revoie ?