C’est hyper connu mais je fais un peu le topo. Le film raconte l’histoire d’une poignée de jeunes gens auditionnés puis passant quatre ans dans le conservatoire de la musique et des arts scéniques.
Le film est donc découpé en cinq parties. Bon, on est clairement en 1979 : les coupes de cheveux, tenues vestimentaire, langage (le doublage français est très bien) mais le film brasse une histoire intemporelle, en fait plusieurs histoires. Etant un film choral : on y suit les parcours parallèles donc de ces jeunes gens tous très différents et typés : noir, hispanique, gay, etc..
Le montage est sec et les scènes s’ajoutent comme les pièces d’un puzzle et c’est particulièrement déstabilisant, car c’est sur raconter quatre ans en deux heures de film, c’est compliqué : certains personnages ne sont pas assez approfondis et leurs parcours prend de l’envol d’une scène à une autre se situant des mois plus tard. Mais l’ensemble est réaliste, très dur, la ville de New York y est montré comme une ville qui « mange » ses habitants où la drogue, les prédateurs sexuels y circulent à foison et le film brasse plein de thématiques sur la jeunesse et la célébrité bien sur.
Car ces jeunes gens veulent bien sur devenir célèbres et le parcours va être long : il y a t-il quelque chose au bout du chemin et si oui, qu’il y a t-il justement ?
Les personnages nous apparaissent plutôt attachants au début, mais leurs parcours va nous les montrer parfois détestables, mais surtout vulnérables, à fleur de peau, car le point de commun de tout cette bande : c’est d’être perdus, certains vivent carrément dans la rue, un est illettré, l’autre doit tenter d’échapper à une mère possessive, tandis qu’un autre cache son mal-être profond derrière un don comique. En fait ils doivent échapper à leur milieu et aussi au regard que les enseignant(e)s portent sur eux, presque tous vont entrer en conflit avec l’un d’entre eux, à l’exception du professeur d’acting qui est plutôt cool, pleins de préjugés. Ils doivent se prouver à eux mêmes et à leurs profs qu’ils sont doués pour ce qu’ils prétendent : la musique électronique, la danse, le chant, etc. Et progressivement, on va assister à leurs performances, isolées parfois longue de plusieurs minutes : une chanson, un monologue déchirant – car le film est souvent émouvant et va très loin dans les émotions humaines. Ces scènes sont bien sur inégales, selon si on est porté par le personnage, mais les acteurs se donnent vraiment à fond, semblant donnés le meilleur d’eux-mêmes comme un transfert de leurs rôles (le casting principal du film a été choisi pour leur parcours, parfois extrêmement proches, sinon similaires, à leurs personnages).
Les numéros musicaux sont impressionnants : savoir comment a été filmé « Hot Lunch » : la séquence de chant et de danse dans le réfectoire – lieu plutôt exigu - est un mystère mais ça emporte le spectateur, crescendo : au début ce n’est que des ustensiles de cuisines qui percutent entre eux, puis des instruments joués, puis le chant et c’est parti pour près de cinq minutes : comment ne pas avoir envie de danser après cela ? Le deuxième morceau de bravoure est « Fame » se déroule dans une rue de New York où les jeunes portés par un taxi, se mènent à danser, parfois sur les voitures. Et là, à nouveau, ça emporte tout. Le troisième morceau est Irène Cara chanter au piano, une chanson très émouvante, plus tard, c’est Paul McCrane et son inestimable « Is it okay if I call you mine ? » qu’il chante accompagné simplement d’une guitare.
Quand au morceau final : « I sing the body electric », mélange de plusieurs genres de musique, ce sont des dizaines de musicien/nes et plusieurs chœurs, clôturant de façon surprenant et parfaite ces deux heures, imparfaites, à la fois bouleversantes, parfois crues mais qui donnent baume au cœur et nous font sentir léger. Un petit choc que j’aimerais sans doute encore plus en le revoyant.