Après avoir travaillé pendant plusieurs années à Paris, lieu qu'il a rejoint depuis qu'il a quitté son Chili natal, Alexandro Jodorowsky a travaillé dans divers milieux artistique avant-gardiste. Notamment, il crée avec Topor et Fernando Arrabal, (mais aussi Olivier et Sternberg) le mouvement "Panique", qui n'est ni plus ni moins qu'une réaction au surréalisme.
Si le groupe ne durera pas très longtemps (il sera dissout en 73, à la suite de dissension entre Jodorowski et arrabal justement), il sera à l'origine d'un certain nombre d'oeuvres et indirectement du film qui nous occupe aujourd'hui. En effet, si la pièce avait été écrite en 55, c'est bien du fait de l'amitié du moment que se voue l'espagnol et le chilien que cette version cinématographique prendra vie.
Le manque presque total de moyen dont bénéficie le projet (malgré le mécénat Rosemberg, du père reconnaissant d'un handicapé que Jodo avait engagé comme assistant avant que ce dernier ne meurt) n'empêche pas une débauche d'idées, tant visuelles que sonores, qui émaillent le film.
Ce dernier, créé dans l'esprit du temps, est pourtant bien à l'écran le fruit de sa méthode de création: s'il est tiré d'une pièce, le scénario de départ tient sur une feuille recto-verso et sera le produit des idées du jour de l'équipe et des comédiens.
Et ça se sent.
Si le film a bénéficié lors de sa sortie d'une aura un poil sulfureuse de part la violence que se sont auto-infligé les acteurs (ils se trainent dans les pierres, se bourrent la bouche d'une quantité éloquente de choses non comestibles, et quand ça l'est -comestible- c'est en grand quantité (oeuf, fruit en sirop), prises de sang non simulée, etc, etc ), c'est surtout le spectateur qui souffre. Cet enchevêtrement de scènes sans queues ni têtes m'a assez assez rapidement plongé dans une torpeur dont il m'a été difficile de m'extraire.
Au delà de l'aspect choquant de certains passage (et le film fut violemment rejeté lors de ses divers premières diffusions au moment de sa sortie (Mexique, France) pour, notamment, la scène ou une poupée est lacérée au niveau du sexe par un grand barbu, avant qu'il n'introduise des petits serpents par l'orifice pratiqué), c'est aujourd'hui plus un assez puissant ennui qui m'a saisi.
Le côté déstructuré me semble ici vain parce que sans portée réellement poétique ou sans être capable de favoriser une ambiance suffisamment différente pour se sentir immergé. Reste une vague impression de malaise, c'est sale, crade, douloureux, pénible. Tout ça serait passé si au bout du compte, le sentiment principal n'avait pas été un subtil mais indéniable détachement.
Finalement, il y a deux sortes de films où on se demande quand il se finira en regardant l'heure: la bouse hollywoodienne ratée et le film avant-gardiste prétentieux dans lequel on entre pas. Fando et Lis fait, pour moi, parti de la deuxième catégorie.
Finalement, ce sont les cartons introductifs qui m'ont le plus plu, ainsi que ceux qui sont sensé marqué la fin de chaque "chant".
Bref, une série de réserves que je ne pourrai pas renouveler pour "la montagne sacrée", autrement plus construit et jouissif visuellement.