Après « La Famille Tenenbaum » et « A Bord du Darjeeling Limited » pour ne citer qu’eux, Wes Anderson décide à présent de se promener entre les pages de Roald Dahl. Les contes et récits pour enfants suscitent énormément de valeurs qui peuvent recouper avec celles que le réalisateur américain à l’habitude d’explorer dans ses œuvres. Le stop-motion lui accorde des vertus intéressantes, qu’il utilise avec amour. Il n’hésite pas non plus à rendre hommage à d’autres genres cinématographiques, tout en s’attardant sur la complexité de l’intrigue. Elle parle autant aux petits, comme aux grands et ne trahit aucunement l’auteur pour son audace.
Chapardeur de poules, le renard Fox met de côté son instinct primitif pour gagner en responsabilité auprès de sa renarde et son jeune renardeau. La transition est à la fois douloureuse et pertinente pour la suite de son histoire. On le découvre en tant qu’individu, un personnage animé d’une grande civilité et qui dispose de manières qui l’humanisent grandement. Et comme l’homme, son prédateur naturel, il admet des défauts. Emmené par ses pulsions sauvages, il finit par reculer d’un pas en arrière. Mais son acte aura des conséquences dont il devra réparer à tout prix et à la décharge d’un collectif qui se construit peu à peu. Il faudra tout de même passer par des conflits qui résident au cœur même d’une communauté qui partage le même objectif, celui de la survie. L’animal reprend alors le dessus et sympathise avec la modération avant que l’homme ne parvienne à ses fins.
Par ailleurs, il serait judicieux de constater la place des animaux dans ce récit. Certains sont humanisés, alors que d’autres stagnent dans leur quotidien primitif. Et on n’écarte pas non plus les mimiques de ces animaux qui peuvent se montrer expressifs et persuasifs. Dans le contenu des dialogues, c’est tout aussi développer. On y trouve beaucoup d’ironie et de double sens, comme pour réunir tout le monde au sein de ce groupe soudé. On nous fait alors prendre conscience de l’esprit paternel et héréditaire. Au-delà du burlesque, on découvre ce qui peut y avoir de meilleur entre l’homme et l’animal.
Il faut toujours se méfier du loup qui dort et ce n’est pas faute de le souligner, car l’une des symboliques poignantes et ouvertes concerne cet animal. Anderson fait donc passer le collectif au premier plan dans son discours responsable où il propose un divertissement de qualité. « Fantastic Mr. Fox » propose une réflexion basée sur l’héritage et le partage. La figure du père et du fils, Ash, qui ne parviennent pas à se séparer de l’enfance est un point primordial dans le traitement des personnages. Malgré la ruse du renard, il ne peut se mentir à lui-même, c’est pourquoi il doit déverrouiller seul l’accès à sa nouvelle nature. Tout le finit doit finir par s’adapter à son milieu et à son entourage et c’est ce que raconte magnifiquement l’animation.