Le criminel mégalomane Fantômas vient de trouver une nouvelle vilenie à ajouter à son palmarès déjà bien fourni:taxer les riches sur le droit de vivre!Sa première victime,le lord écossais Mac Rashley,fait venir en son château le quatuor de chasseurs de Fantômas formé du journaliste Fandor,de sa fiancée Hélène,du commissaire Juve et de son adjoint l'inspecteur Bertrand,afin de piéger l'affreux.Après deux premiers films excellents,cet opus poussif vient clore sans grand relief la célèbre trilogie,dans le genre "film de trop".L'équipe habituelle est à l'oeuvre avec André Hunebelle qui réalise,son fils Jean Halain qui scénarise,,Alain Poiré qui produit pour la Gaumont et les mêmes comédiens devant la caméra.Côté techniciens c'est le décorateur Max Douy qui s'en sort le mieux,parvenant à faire passer le château girondin de Roquetaillade pour un manoir écossais et la forêt de Fontainebleau pour la lande britannique.Le musicien Michel Magne,en forme moyenne,a livré de bien meilleures partitions et les cascades de Claude Carliez font carrément pitié.On sent le concept à bout de souffle,Halain ayant d'ailleurs reconnu qu'après les orgies de poursuites délirantes des épisodes précédents il devenait compliqué de trouver de nouvelles idées.D'où ce film plus restreint,presque en huis-clos théâtral,qui se repose essentiellement sur les pitreries lassantes d'un Louis de Funès déchaîné en commissaire Juve.L'intrigue brouillonne est d'un intérêt discutable et aligne les éléments répétitifs et les gags inégaux pour tenter d'animer cette farce laborieuse.Tout n'est cependant pas à jeter,notamment cette ambiance british empreinte de mystère avec ce vieux castel isolé,cet apparat désuet,ces bois embrumés ou ce monstre possiblement tapi au fond d'un lac.Sinon les personnages s'agitent stérilement et courent dans tous les sens pour combattre l'impression de statisme de l'ensemble.Ils fonctionnent en outre sur des schémas bien rodés dans les films antérieurs et ne provoquent aucune surprise entre les ricanements et les changements d'apparence d'un Fantômas entre deux meurtres,l'hyperactivité inutile d'un Juve aussi nul que sûr de lui,l'insignifiance du couple Fandor-Hélène ou la moralité sans faille du débonnaire Bertrand.Ceci dit tout ça marchait encore en 67 auprès du public et d'autres suites auraient pu survenir si la grave mésentente entre un Jean Marais dépité d'être relégué au second plan et un de Funès tirant joyeusement la couverture à lui n'avait mis un terme à la saga.Les comédiens justement font leur boulot avec application,chacun dans son style particulier.Fufu charge un peu la mule mais son numéro vibrionnant et fulminant convainc par intermittence.Marais tient plusieurs rôles,mais généralement sous des masques et c'est principalement sa partie Fantômas qui vaut le coup avec sa tronche bleue et son ignominie tranquille.Mylène Demongeot sert de potiche,ce qui est dommage car au-delà de son charme fou c'est une très bonne actrice.La force tranquille de Jacques Dynam lui permet d'exister face à de Funès avec qui il partage toutes ses scènes.Les deuxièmes couteaux sont de grande qualité avec le parfait Jean-Roger Caussimon en lord menacé et la belle Françoise Christophe,44 ans à l'époque mais furieusement consommable,qui joue son épouse infidèle et cupide.Henri Serre,formidable acteur trop oublié,est impeccable en secrétaire traître avec son visage en lame de couteau.Max Montavon est plus en vue que d'habitude dans un rôle plus étoffé qu'à l'accoutumée de domestique efféminé.A part ça défilent brièvement les vilaines têtes des excellents Robert Dalban,Guy Delorme,Roger Trapp,Henri Attal et Dominique Zardi.Critique et note de film d'André Hunebelle publiée précédemment:"Fantômas se déchaîne"-7.Moyenne:5,5.