Scénaristes de Fantômes Contre Fantômes, Fran Walsh et Peter Jackson ont, selon leurs dires, vécu un phénomène paranormal lors d'une rencontre avec un spectre dans leur demeure. Fasciné par ce type de manifestations, le couple imagine un synopsis durant la production de Créatures Célestes, trois pages que leur agent envoie à Robert Zemeckis, cinéaste en recherche de projets fantastiques. Ce dernier, emballé par l'aspect grand public de l'histoire, accepte rapidement de produire le projet sous forme de long-métrage à la seule condition que Peter Jackson en soit le réalisateur. Trois ans plus tard, le tournage débute en Nouvelle-Zélande.

Très influencé par le sanglant parcours de la très jeune Caril Ann Fugate (alors âgée de 15 ans) et de son compagnon Charles Starkweather, couple de tueurs en série ayant déjà inspiré les films Le Sadique (James Landis - 1963), La Balade Sauvage (Terrence Malick - 1973) et Tueurs Nés (Oliver Stone - 1994), Peter Jackson décide ici de jouer la carte du burlesque surnaturel mixé à l'épouvante un peu plus dure. Un ingénieux tourbillon qui a déjà fait ses preuves commerciales par le passé avec Gremlins (Joe Dante - 1984), Beetlejuice (Tim Burton - 1988) ou encore le navrant S.O.S Fantômes (Ivan Reitman - 1984), catégorisé "film culte" par les adeptes d'humour sexiste et lourdingue. Fantômes Contre Fantômes ne connaîtra pourtant pas le succès de ses aînés, Universal ayant opté pour un mauvais choix de date de sortie, en l’occurrence le jour de l'ouverture des J.O d'Atlanta lors de l'été 1996.

Depuis le terrible accident de voiture qu'il a subi et qui coûta la vie de sa femme, Frank Bannister communique directement avec les défunts. Trois morts en particulier : le Juge, un vieux pistolero de l'époque du Far West dans un état de désagrégation avancée, le timide Stuart et Cyrus, une sorte de relique râleuse des années 1970. Les trois fantômes sont les complices de Frank qui, sous couvert d'escroqueries spirites, chasse les esprits retors grâce à un capteur d'ondes qui ne capte absolument rien. Jusqu'au jour où la petite équipe d'arnaqueurs croise le chemin de la Grande Faucheuse en personne, responsable d'une vague d'infarctus inexpliquée. Aux côtés de Lucy, une jeune veuve, Frank et ses fantômes découvrent l'implication d'un serial killer exécuté quelques années plus tôt et revenu d'entre les morts pour battre les records sanglants des plus grands tueurs de l'Histoire. Ils décident de s'interposer au spectre mais un hystérique agent parapsychologue du FBI, traumatisé par ses missions d'infiltrations au sein de sectes sataniques, va considérablement leur compliquer la tâche...

La frénésie, l'hystérie et la folie propre à Braindead, mythique film gore que Jackson réalisa quelques années plus tôt, se décante ici en spectacle familial boosté d'énergie et doté d'ingénieuses idées à chaque seconde. Aussi fulgurant qu'efficace, le turbo actionné par le réalisateur ne perd pas de temps à se reposer au sein d'explications superflues. Tout s'enchaîne à vitesse grand V, avec une fluidité extrêmement rare et particulièrement amusante qui touche tout autant les petits que les grands. Débordant d'hommages hilarants au cinéma que Jackson apprécie (Poltergeist de Hooper ou encore Full Metal Jacket de Kubrick), Fantômes Contre Fantômes hisse la comédie fantastique au rang d’œuvre d'Art populaire, pertinente et inspirée.

Avec un casting 5 étoiles en état de grâce (Dee Wallace n'a jamais été aussi frappadingue à l'écran, Jeffrey Combs se surpasse en agent du FBI dégénéré et le duo principal -Trini Alvarado et Michael J. Fox- fonctionne à merveille), la version Director's Cut offre douze délirantes minutes supplémentaires à la tornade pelliculée. Universal ayant demandé de retirer quelques scènes ou quelques plans de-ci de-là (dont une croix gammée tatouée au creux de la main de Jeffrey Combs et les géniales/effroyables/hilarantes explications qui vont avec) lors de la sortie en salles afin d'attirer le public le plus large possible, Peter Jackson entreprit de proposer SA version lors de l'édition du film en laserdisc en novembre 1998. Un montage encore plus drôle et effrayant qui magnifie d'autant plus la magistrale variante sortie en salles. La quintessence de la comédie spectrale, en somme.

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le 8 août 2024

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