Xavier Gens et son acteur principal Nassim Si Ahmed ont décrit Farang comme un mélange entre Un Prophète et John Wick à la croisée entre le film social des frères Dardenne et le film d'action de Gareth Evans. Le résultat est bien plus proche du réalisateur de The Raid que du film social dont on ne gardera que les 15 premières minutes, avant que Samir ne s’extraie définitivement de son milieu social pour rejoindre la Thaïlande. Il a reconstruit sa vie mais tout bascule dans une spirale de violence, pas si décomplexée que ça, dans la mesure où la recherche pour sa fille perdue semble donner une forme de justification morale. Là où ses inspirations s'extraient justement de la réalité pour tendre davantage vers du symbolisme ou une expérience de jeu vidéo, le film cherche davantage d'authenticité, ce qui paradoxalement freine cet aspect décomplexé. On n'est pas dans un règlement de compte entre assassins, ou dans un affrontement viscéral entre de grands criminels et les forces spéciales, qui apporte davantage de suspension de l'incrédulité. Le film essaie de ramener plus de réalisme et un peu plus de sérieux — peut-être un peu trop. Samir a certes plus de profondeur émotionnelle que d'autres mais son mutisme et son manque de connivence avec son entourage — si on exclut Dara — empêche une connexion émotionnelle approfondie.
On peut aussi regretter certains errements de scénarios et certains poncifs, comme le vieux maître ou la proportion du grand vilain d'en finir avec les mains, sans compter un final tiré par les cheveux.
Mais bon soyons honnêtes, Farang ce regarde facilement notamment grâce à une rythmique et un style de caméra au cœur de l'action que maîtrise son réalisateur. Le montage est très bien construit, les scènes d'action sont très punchy tout en restant extrêmement lisibles. La musique intègre des inspirations variées et est utilisée sobrement mais efficacement. Nassim Si Ahmed a une excellente présence à l’écran, et son savoir-faire en arts martiaux rend les chorégraphies et les scènes d’actions vraiment sympas ; que ce soit sur le ring, dans les couloirs ou dans l’ascenseur. J’apprécie aussi de ne pas voir des héros invincibles, Samir s’abîme véritablement, c’est indéniablement un humain.
Farang c'est donc avant tout un film d'action français efficace, qui tente le grand écart de genre et s'en sort correctement avec un muscle légèrement froissé.