A la suite de sa collaboration avec Gareth Evans sur sa série Gangs of London et après avoir produit le fougueux et engagé Papicha de Mounia Meddour, Xavier Gens se lance dans l'écriture d'un film en France et y injecte la maturité et l'expérience qu'il a pu glaner sur ces deux projets radicalement différents. Le résultat c'est ce Farang, une petite série B d'action qui a en plus su se frayer un chemin jusqu'en salle, c'est toujours appréciable.
Les influences sont nombreuses et sautent aux yeux, la plus évidente étant bien sûr celle de The Raid de Gareth Evans qui est ma référence personnelle, un sommet inatteignable du genre en terme d'intensité et de frénésie. On pense aussi beaucoup à Bloodsport tout au long du visionnage pour son cadre exotique ainsi qu'à une multitude de films HK qui ont du bercer Gens et l'influencer dans cette manière moderne de filmer et d'appréhender l'action.
Ce revenge movie commence donc avec une séquence où l'on découvre le protagoniste principal Sam qui est incarcéré dans la prison de Fresnes. A l’œuvre dans un entrainement de kickboxing avec son coach, le personnage joué par Nassim Lyes impressionne. L'acteur est d'ailleurs un ancien champion de la discipline en junior. Belle gueule, regard perçant, corps taillé, il est parfaitement à l'aise dans son rôle et apporte une vraie valeur ajoutée. Il arrive à conférer au film une intensité dramatique palpable et crédibilise totalement cette descente aux enfers qu'il va vivre malgré un script assez classique et convenu. Privilégiant un jeu tout en retenue, il laisse petit à petit transparaître des éléments de ce qui va exploser et se transformer en une furie vengeresse.
Ce qui frappe d'entrée c'est la volonté du réalisateur de le coller au plus près avec un aspect presque naturaliste teinté de déterminisme social qui sera présent tout au long de l’œuvre. La mise en scène met aussi fréquemment en exergue des moments de flottement où le temps semble se suspendre, des instants qui tranchent radicalement avec les déferlements d'action où la violence est brutale, douloureuse et laisse des marques. Il y a une vraie gradation vers l'ultra-violence jusqu'au fameux climax dans l’ascenseur qui tout en rappelant l'incroyable climax de The Raid dans cette capacité à laisser le spectateur sur son séant témoigne aussi de la capacité qu'a Xavier Gens de s'accaparer un langage.
Un résultat qui est également pour beaucoup imputable au travail de l'action designer Jude Poyer.
Fluides et lisibles, ses séquences d'action détonent et se démarquent de la production lambda. Il y a ainsi un gros travail qui a été fait sur les chorégraphies et le cadre lors de ces moments.
En somme ce Farang est une série B dans son sens noble du terme et qui ne se moque jamais de son spectateur. C'est une proposition made in France que l'on ne peut que soutenir.