Peu de temps avant de concrètement avoir leur renommée mondiale avec The Big Lebowski, les frères Coen avaient réalisé en 1996 le déjanté Fargo, nom d'une petite bourgade du Dakota du Nord, où un homme endetté va demander à deux tueurs de kidnapper sa femme afin de toucher la moitié de la rançon. Mais cet homme, c'est Jerry Lundegaard, un loser typiquement Coenien qui va s'embourber dans les embrouilles jusqu'à la moelle.
À la vue de ce sixième film, on sent clairement la patte burlesque des deux frangins à travers ces personnages délurés, ce scénario abracadabrantesque riche en rebondissements (et censément tiré d'une histoire vraie), toujours aussi proche du polar, agrémenté de brins de folie propres aux réalisateurs. Car cette histoire absolument détonante, réalisée comme à chaque fois avec un soin minutieux du détail et des décors naturels magnifiques nous entraîne dans un univers terriblement sombre et pourtant présenté avec une simplicité déconcertante.
Peuplé de séquences anodines, notamment lors de l'enquête menée par Marge Gunderson (incroyable Frances McDormand), une flic enceinte tenace et joviale, de répliques cinglantes, de passages inattendus et d'une atmosphère enneigée paradoxalement apaisante, Fargo est une œuvre cinglante, unique, une bonne farce maquillée en une histoire de kidnapping foireux bourré d’éléments rocambolesques dont seuls les deux frères ont clairement le secret. À consommer dans modération.