Pratiquement quinze ans après sa sortie, on conserve intacte de Fargo l'inoubliable image de Carl, blessé au visage et saignant abondamment alors qu'il tente désespérément de cacher son butin dans la neige pour réaliser, au final, qu'il n'a aucun point de repère.
Engagés par un minable pour enlever sa femme, lui et son acolyte vont précipiter des évènements de plus en plus dramatiques, mais marqués par l'ironie mordante qui s'accable sur cette petite troupe de paumés.
Les personnages perdent tous à tenter des choses hors de leur porté, certains perdent la vie d'autres leur vie mais dans tous les cas, ils ne peuvent s'en prendre qu'à eux-même.
Jerry a bien tenter de faire cesser son plan lorsque la roue du sort semblait tourner légèrement en sa faveur mais c'est un pauvre type qui s'est réfugié dans le mensonge et qui n'a absolument aucune prise sur les évènements, y compris ceux catastrophiques qu'il déclenche. Pour preuve même son gosse a plus de bon sens que lui.
Carl finit là où il finit pour une histoire de bagnole à partager, il n'avait qu'à donner une petite somme à son acolyte avant de rejoindre sa fortune cachée mais il préfère jouer les durs, un costume bien trop grand pour lui.
Steve Buscemi, avec ses yeux globuleux, son air "bizarre" incarne avec un talent hors norme le "loser", le poisseux, le minable.
"Aurez-vous le courage d'en rire?" nous demande le slogan du film. J'avoue que oui.