Une histoire relativement simple, une petite enquête policière, des complots et des meurtres. Néanmoins un bon scénario n’est pas un bon pitch : pas besoin d’une histoire originale pour maîtriser un scénario. Selon moi fargo apparaît comme la quintessence du scénario, l’un des meilleurs jamais écrit (sans exagération) : maîtriser dé A à Z chaque petite scène même inutile déployant des bijoux de dialogues, les personnages secondaires sont, comme toujours chez les deux frères, unique et complet. L’image vient soutenir l’écriture avec maestria : une belle mise en scène et une photographie magnifique, la neige étant un motif cinématographique que j’apprécie et qui permet de créer de beau tableau blanc, même si ici il se trouve teintées de rouge.
Les Cohen ne sont pas adeptes de l’improvisation et tout est prévu d’avance, aucun hasard dans leur film, jusqu’à l’accent du moindre personnage secondaire qui n’apparaît que quelques secondes à l’écran. Parlons des personnages qui sont le cœur de ce film noir : la quasi totalité de ces personnages sont bête ou méchant (voir les deux) des plouc américains qui vivent une vie triste et fade, des antagonistes stupide et incapable mais qui restent dangereux (leur stupidité est peut d’ailleurs ce qui fait leur dangerosité) un commanditaire faible et avare … tout c’est personnage sont d’ailleurs magnifiquement interprété ( mention à Stromare et Buscemi parfait dans leur personnalité opposée) avec une direction d’acteur singulière où l’on voit les personnages bégayer, mal s’exprimer, se reprendre … le personnage principal apporte un peu de stabilité dans ce foutoir d’abruti malsain : la femme flic (la grande Mcdormand a l’apogée du jeu d’acteur) maligne et douce, cette femme enceinte apporte un peu de lumière dans cette Amérique grisâtre, elle crée l’espoir comme elle créera bientôt la vie. Mais le film n’est pas désespéré car il renferme de l’humour ( les frères Cohen ont un humour particulier il faut l’avouer ) on se surprend à sourire ce qui crée une ambiance triste drôle qui est relativement plaisante. Les Cohen s’imposent avec ce film comme des prodige du cinéma indépendant américain, loin des clichés hollywoodien et des film de plus en plus lisse de leur contemporain.