Attention, cette critique contient des jeux de mots automobiles pouvant embarrasser la sensibilité des lecteurs les moins indulgents.
Plaisirs coupables dégoulinant de testostérone, les F&F restent sans conteste l'une des franchises les plus fascinantes du septième art. Débutant avec un premier volet et deux suites orientées sur les courses de rues et le tuning, la saga a opéré dès son quatrième chapitre un virage logique vers l'action décérébrée que l'on entrevoyait déjà au détour de certaines scènes, notamment dans 2 Fast 2 Furious. Épisode hybride voire bâtard, Fast & Furious 4 peinait à trouver le ton adéquat.
Avec Fast Five, la série plonge finalement et sans vergogne dans une surenchère explosive si décomplexée qu'elle en devient génialement fun, nous offrant par ailleurs son meilleur volet à mes yeux. Proposant toujours plus de cascades improbables qui délaissent parfois la mécanique pour les effets spéciaux, les deux volets suivants confirment la nouvelle orientation de la saga avec deux films d'action survitaminés dont un septième volet piloté d'une main de maître par le grand James Wan mais hanté par la mort de son acteur phare, Paul Walker. S'achevant sur un hommage touchant, Fast & Furious 7 s'imposait de lui-même comme la fin logique de la série.
Pourtant, Hollywood donne le feu vert à pas moins de trois nouvelles suites, la première ayant déboulé de manière tonitruante dans nos salles en ce mois d’Avril 2017. Avec le réalisateur de Braquage à l’Italienne aux commandes et Charlize Theron en cyber antagoniste, va-t-on enfin lever le pied et retourner aux sources de la série comme le suggérait Vin Diesel dans une interview ? La réponse est non.
The Fate of the Furious (pour une fois que le titre français parait moins stupide que l’original) s’inscrit dans la continuité des trois volets précédents. Les voitures ne sont plus des véhicules mais des armes, des outils, des extensions de leurs pilotes qui s’en servent pour attaquer, piéger ou sauver. Elles sont même plutôt en retrait, faisant la part belle aux fusillades et aux affrontements à main nue.
Ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose, F. Gary Gray trouvant le parfait équilibre entre baston, courses poursuites et humour. A ce titre, le film offre de superbes combats dans lesquels Jason Statham et Dwayne Johnson ont une nouvelle fois l’occasion de briller et d’éclipser le reste du casting. Alors certes, ces deux-là risquent d’être cantonnés à ce genre de rôle toute leur carrière, mais ils le font avec un tel flegme, une telle cool attitude et tant d’autodérision qu’il aurait été criminel de ne pas le montrer à l’écran. Donnant ainsi plus de présence à Deckard Shaw (Statham), l’excellent bad guy du septième film, tout en jouant énormément sur sa dynamique de mâle dominant contre Hobbs (Johnson), Gray filme un face à face viril et hilarant, dans lequel nos deux chauves préférés se lancent des regards assassins et des répliques cinglantes, délaissant ainsi le reste du groupe qui semble parfois ne faire que de la figuration (Gibson, Ludacris, Emmanuel, Rodriguez).
Vin Diesel, la mâchoire si serrée que sa dentition risque d’exploser à chaque scène, nous fait du pur Diesel, et on ne lui en demande pas vraiment plus. Sachez simplement que son revirement montré dans les bandes annonces et autres extraits est totalement justifié et bien pensé.
Kurt Russel et son jeune protégé Scott Eastwood apportent une petite touche « espionnage » au tout sans vraiment avoir l’occasion de briller non plus.
Fort heureusement, Charlize Theron s’impose comme LA bad guy (girl ?) de la saga avec un rôle fort et une présence vénéneuse à souhait.
Pour conclure ce tour de casting et sans trop vouloir en dévoiler, on a le droit également à une caméo britannique de marque dans une scène très drôle ainsi que deux retours des volets précédents qui confirment que malgré sa surenchère d’action frôlant souvent le ridicule, la saga n'oublie rien en route.
Ne délaissant aucun détail et connectant habilement toutes les zones d’ombre des volets précédents, le film offre un nouveau regard sur un personnage secondaire apparu dès le cinquième film tout en mettant en lumière les motivations des bad guys du sixième et septième volets. Sans oublier une petite référence à Brian et Mia pour montrer que s’ils ont tous les deux raccroché, ils ne sont pas pour autant oubliés.
En bref, la série continue de bâtir son propre univers un peu à la manière de Marvel et de ses Avengers, ce qui fait franchement plaisir à voir.
Vous l’avez compris, je suis sorti très satisfait de ce Fast 8, même si les scènes d’action peinent à offrir les mêmes sensations que celles de Fast & Furious 6, inégalées, et que le meurtre de Han par Deckard semble vite oublié par la bande. J’irai donc même jusqu’à dire que j’attends la prochaine suite avec impatience si elle se montre aussi fun que celle-ci.