Cela fait déjà vingt ans qu'un petit film de course auto, monté comme un plagiat de Point Break, fait des petits et en inonde le grand écran. Vingt ans de baboulifiance, de tuning de mauvais goût, de croupes lascives filmées au ralenti, de barbecue arrosé à la Corona chaude et de bénédicité indéboulonnable, puis d'action mettant à plus en plus rude épreuve toute suspension d'incrédulité.
C'est aussi vingt années d'une mythologie digne de Dallas, avec tout ce que cela comporte d'approximations chronologiques à la truelle, de retours improbables, d'extensions perpétuelles de la famille, d'amnésies sélectives, de disparitions subites et de résurrections dignes d'un comics Marvel.
A chaque nouvel épisode, on nous dit et nous répète la même chose : que ce n'est pas du cinéma, que c'est de plus en plus débile, et que les fans de ce truc sont tout simplement bêtes à bouffer du foin.
Peut être.
Mais Fast & Furious a néanmoins comme mérite de ne pas mentir sur la marchandise, et de rester fidèle à son pari de proposer une action débridée, folle et qui cherche toujours à aller plus loin. En forme de fuite en avant irresponsable sur ce dernier point, certainement.
Et Fast & Furious 9 ne déroge pas à ces (maigres) objectifs.
Il arrive à divertir tout son soûl durant sa durée gargantuesque de plus de deux heures vingt, sans pour autant être affligé de trous à l'accélération, comme pouvait l'être le n° 8. Grâce à, sur cet aspect, une équipe resserrée laissant Hobbs et Shaw au repos. Certes, il n'atteint pas les sommets stratosphériques de l'épisode 7 en terme de show, ou de grand-guignol diront certains, mais il fait néanmoins parler la poudre le temps d'échapper une armée complète, de faire retourner un train-char d'assaut ou encore d'envoyer un ersatz de DeLorean dans l'espace.
Oui, c'est de plus en plus inconcevable, voire imbécile. Oui, il y a du Vin Diesel qui fait un concours d'expressivité mâchoire serrée avec John Cena, nouveau venu qui permet d'aborder la famille Toretto sous un autre jour et d'en développer les relations. Histoire de recentrer la franchise sur son donneur d'ordres, selon les perfides.
Mais Fast & Furious 9 continue de respecter le contrat tacite qu'il a passé avec le spectateur qui, en échange de son cerveau posé sur le fauteuil d'à côté, reçoit en retour du grand spectacle, les personnages fétiches d'une franchise familière, la recette dégénérée d'un Mission : Impossible ou d'un James Bond moderne, ainsi que l'action quasi constante, la destruction systématique, des courses-poursuites nerveuses.
Fast & Furious 9 offre donc une part de rêve, la garantie d'une plongée hors de sa réalité, dans un scénario rocambolesque empreint de naïveté mais que l'on prend plaisir à suivre. Un plaisir dénué de l'épithète « coupable » en ce qui me concerne.
Il y a donc à mon sens pire pacte que celui-là, puisque le fun, l'énergie quasi enfantine, la dévastation sauvage et le plaisir régressif liés à la démesure totale du show sont toujours là, identiques à ce qui est perpétué depuis l'opus 5.
Et même si certaines critiques en sont systématiquement défrisées à la sortie de chaque nouvel opus, Fast & Furious, c'est aussi, ne leur en déplaise, du cinéma.
Behind_the_Mask, qui a trop forcé sur le protoxyde d'azote.