Suite à des précédents couronnés de succès ("Case Départ", "Le Crocodile du Botswanga"), Thomas N'Gijol revient (seul et sans Fabrice Eboué) avec une ultime variation comique autour de l'immigration/l'intégration. Après une évocation par le prisme de l'histoire ("Case Départ) et de la politique ("Le Crocodile du Botswanga"), "Fastlife" nous parle du sport comme vecteur d'intégration. Si tout n'est pas parfait, loin de là, Thomas N'Gijol a au moins le mérite de proposer un point de vue rarement mis en avant et tenter d'en tirer des situations comiques.

En évoquant le quotidien et les déboires de Franklin Ebagé (interprété par Thomas N'Gijol, plus taillé pour le 400m que pour le 100m soit dit en passant), "Fastlife" suit le pari impossible que s'impose le héros, la qualification pour les JO à 34 ans en l'occurrence.

Et comme dans "Le Crocodile du Botswanga", "Fastlife" permet d'évoquer en creux des enjeux cruciaux pour les sportifs d'aujourd'hui: la gestion d'une carrière, le choix de poursuivre ou arrêter une carrière, la perception d'une victoire....la particularité de Franklin Ebagé (athlète naturalisé) est le prétexte à l'insertion de thèmes comme l'attachement aux racines, l'importance accordée à la famille (vers laquelle va se tourner le héros en retournant "au pays" et après l'avoir plus au moins oublié) et aux amis. Bien sûr, tout n'est pas parfait dans ce film. Mais le réalisateur/acteur/comique a le mérite de s'attarder sur le cheminement de pensée du héros (avec tout son lot de maladresses et de contresens) pour reconquérir une renommée déclinante plutôt que sur le "comment est-il arrivé à reconquérir son trône?". En somme, plutôt que l'enchaînement d'entraînements et de motto ridicules (même si le film n'y échappe pas bien sûr), on suit les tribulations, la perdition et la tentative de rédemption de Franklin Ebagé. En fan plus ou moins assidu d'athlétisme, je n'ai pu retenir mon rire face au clin d'oeil (volontaire?) de Thomas N'Gijol face aux déboires (grave pour le coup) de Teddy Tamgho: ce dernier avait répondu à "ses détracteurs" en...tournant un clip de rap, tout aussi ridicule que la scène du clip de rap dans le film et qui vaut assurément le détour!

"Fastlife" s'inscrit selon moi dans une tendance de renouveau de la comédie française, celle de la critique (par le rire, l'absurde) d'un levier d'intégration avec son lot de dérives inhérents. A ce titre, si le film remplit plus ou moins sa mission, le caractère clivant du sujet (troisième variation autour de l'intégration) en plus de la multiplication de films autour du leitmotiv porteur "rions tous ensemble de nos différences" (utopique en plus d'être abêtissant et dangereux) expliquent selon moi le peu d'adhésion autour de ce (type de) films.
RaZom
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le 30 juil. 2014

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