Moi qui m'attendais à une daube... Surprise !!
Premier film en tant que realisateur pour le trublion Michaël Youn, ce Fatal ne m'inspirait absolument rien... En effet, si le sieur etait drole, original, inventif et provoquateur lorsqu'il animait le Morning Live, il s'est vite enlisé dans une routine de surenchère ponctuée d'un humour souvent graveleux et parfois douteux apres l'arret de son emission. Sa carrière au cinéma n'est pas specialement brillante non plus, de La Beuze à Coursier en passant par des monstruosités comme Iznogoud, des comedies potache comme Incontrolable, un film d'auteur peut etre trop ambitieux avec Héros ou une adaptation ratée et completement a coté de la plaque avec Lucky Luke, il n'a jamais vraiment montré autre chose que des relents de son succès passé. Fatal apparait d'abord comme une énième tentative, ressortant du placard un de ses personnage crée a l'epoque du Morning Live et dont il avait déjà largement exploité le filon. Au premier degré certain ne verront peut etre que ça, mais ça serait quelque part plutot dommage. On voit en effet une sorte d'introspection qui montre de façon plutot evidente que ce qui arrive a son personnage dans le film lui est arrivé, ou aurait pu lui arrivé. Une sorte de mise au point apres des années d'un succès qui commence a etre loin derriere lui (il a encore du succes, mais on est loin de ses debuts tonitruants ou de la "Bratisla Boys-mania"). On s'en retrouve donc rassuré, car sous couvert d'une comedie a l'humour particulier, on voit que Michaël Youn a quelque chose a dire et veut nous faire partager quelque chose de plus profond qu'un simple doigt dans le c...
Pour ce qui est du fond et du 'message', on trouve aussi des chose moins subtile mais tout aussi interessantes dont on retiendra avant tout une critique franche, ouverte et sans concession des medias et du "star-system", a commencer par le monde de la television qui s'en prend plein a tete via des presentateur(trice) qui caricaturent sans mal certaines personnalités du petit ecran. Dans le presentateur du film, on voit clairement un melange entre Benjamin Castaldi, Nikos Aliagas, Arthur, Christophe Dechavanne et Laurent Boyer. Ce simple personnage nous ressort au moins une fois les tics et les defauts de chacun de ces presentateurs. La presentatrice, elle, est un amalgamme de toutes ces 'sous-presentatrices' qu'on retrouve dans les emissions people qu'on peut voir majoritairement sur la TNT. On reconnait en elle des presentatrice comme Severine Ferrer, Clara Morgane ou encore Karine Ferri. C'est enorme, mais tellement vrai qu'on ne peux pas s'empecher de ce dire "mais c'est tout a fait ça !!". On a aussi le droit a des parodies d'emissions ou de ceremonies televisuelle du plus bel effet, on ose montrer les choses avec tout le ridicule qui leur sont dues (les "Music Awards de la Musique" lol). Le comble, le must, reste le personnage d'Athena Novotel qui, avec un prenom qui est un nom de capitale et un nom de famille qui est le nom du chaine hoteliere, vous l'aurez peut etre deviné, parodie avec brio la bimbo et jet-setteuse multi-tache Paris Hilton. Le coté parodique s'attaque aussi bien entendu au monde de la musique, et là encore le realisateur n'epargne personne : producteur, sponsor, collectif d'artistes a but caritatif, sans oublier de taper là ou sa fait mal en montrant des caricature d'artistes representant tous les courants musico-commerciaux a la mode (techno, rap, electro-pop, nouvelle scene française et r'n'b [enfin, ce qu'on nous vend sous l'acronyme R'N'B et non pas "Rythm' N' Blues"]) qui font mouche et sont criants de verité.
Outre la parodie, le sieur Youn nous gratifie de references et de clins d'oeil tous bienvenus et utilisés judicieusement. Ainsi, sous une trame que tous ont vu, à juste titre et dans une tres bonne mesure, directement inspiré par Zoolander, on retrouve aussi des clins d'oeil a Hot Rod, 8 Miles, Ali G, Le Diner de Cons, Monty Python and the Holy Grail et quelques autres... Critiques, references, mais trouve-t-on de l'humour original ici? Et bien oui, quand meme, ça va de la blagounette sympatoche au dialogues bien trash en passant par du bon, du moins bon, du lourd, du leger, du classique, du facile, du bien trouvé, du gras, du moins gras; y'en a pour tout le monde meme si dans la globalité ça reste tres 'con', mais dans le bon sens. Michaël Youn mise ici sur un humour qui rappelle Ben Stiller, les freres Farrelly, Will Ferrel, Mike Myers et les autres comiques qui misent eux aussi sur ce coté presque 'débile' de l'humour et du comique de situation. L'erreur serait de s'arreter au personnage ou a l'image qu'on se fait de l'acteur multi-casquettes. Cela dit, ça reste un des problemes majeurs du film, Michaël Youn a du mal à faire autre chose que du "Michaël Youn"... On a parfois des impressions de réchauffé et de déjà-vu, mais on sent qu'il fait un effort pour sortir de son carcan et se depasser afin de nous offrir autre chose. Il s'en tire ici grace a un florilege de seconds roles vraiment bien ecrits et tres bien interpretés avec en tete de liste un Stéphane Rousseau simplement exceptionnel dans un role tres drole. La tres grande majorité des second roles est fabuleuse et compose avec des dialogues qui se suffisent parfois a eux meme, ça serait donc bete de passer a coté du film simplement parce qu'on n'apprecie pas Michaël Youn.
Pour ce qui est de la technique, la realisation est vraiment pas mal pour un premier film, on y trouve une bonne utilisation des codes americain du genre avec une french-touch qui depoussiere le tout de maniere agreable. Ce n'est pas parfait, mais c'est plein d'energie et de bonne intentions. Il faut en plus noter qu'il n'est jamais evident pour un realisateur d'etre l'acteur principal de son film, c'est techniquement et humainement tres eprouvant, alors tenter le coup des sa premiere realisation est un pari plus que risqué. Le rythme est bon, avec une legere baisse vers la moitié du film, mais j'aurais tendance a dire "encore heureux !!" car sans son probleme de rythme et vu le genre du film, ça aurait pu etre une realisation exemplaire, ce qui aurait été veritablement fantastique pour un premier film... Qu'on se le dise, que ce soit au niveau de l'image, des lumieres, du son, dans le film en soi ou dans les 'faux' (faux clips, fausses emissions), tout est maitrisé et tout est credible, si les dialogues et les paroles n'etaient pas aussi 'cretins', on pourrait s'y perdre tant c'est credible et bien fait. Le scenario est bien ecrit et bien construit, un peu facile par moment, il s'eternise un peu sur certains points mais ça ne peche que tres rarement, en grande partie grace aux acteurs qui sont toujours a fond dedans, et a la realisation qui fait le reste la grande majorité du temps. La bande son est soignée, car là encore, travailler autant des chansons qui ne servent que de tremplin comique pour une critique, ça montre un perfectionnisme qui fait vraiment plaisir a voir. Les morceaux de rap du personnage Fatal Bazooka ont des instrumentaux qui n'ont rien a envier du tout aux 'vrais' rappeurs (incluant les americains), et c'est encore et toujours grace aux paroles (ou a cause) qu'on garde le fil et qu'on reste dans l'esprit du film. La meme chose s'applique aux chansons du personnage Chris Prolls dans le registre de l'eletro-pop, et ça fonctionne tout aussi bien. Des cadres au mixage son, la technique est travaillé et on le sent; ça fait plaisir de voir autant de travail et de ne pas etre pris pour une poire avec une nouvelle comedie française qui tente de pomper les ricains sans en avoir l'air. Ici, tout ce qui est repris est franchement assumé, c'est impossible de passer a coté, c'est franc et ça fonctionne tres bien.
Au final, ce n'est certainement pas le film du siecle, ce n'est pas une "grande" comedie a la française, c'est un petit film realisé avec beaucoup d'energie et qui offre simplement un divertissement simple et efficace. Je me doute que tout le monde n'aime pas ce type d'humour, mais il est plutot rare de voir des films realisés et/ou interpreté par des humoristes qui ont beneficié d'autant de soin et qui offre un film de cette qualité. Fatal réussi largement là ou les autres films Younesques ont failli et peut enfin se poser fierement comme "le" film comique de et avec Michaël Youn, equivalant, a son niveau, a La Cité de la Peur pour Les Nuls ou Mais qui a Tué Pamela Rose pour Kad & Olivier.