Drôle de pari entre l'Archange et Méphisto. Si ce dernier parvient à démontrer que l'homme est aussi sombre que lui, la Terre lui appartiendra, sinon il devra y renoncer. Il jette son dévolu sur le docteur Faust, un vieil alchimiste pieux. Méphisto déchaîne alors la peste et le mal dans le village de Faust, pour pousser ce dernier à faire appel à lui.
Adaptant la légende de Faust datant du XVIème siècle, Murnau nous envoie d'abord dans l'au-delà avant de nous faire suivre le pari de Méphisto cherchant à corrompre le meilleur des hommes. Il met en scène le combat du bien contre le mal et la façon dont l'humain devra faire des choix entre les deux "camps" à travers le parcours de Faust qui pourtant, cherche à faire le bien lorsqu'il fait appel à Méphisto. Passé ce choix, Murnau met en scène la face sombre de la nature humaine, son opportunisme et égocentrisme.
Le scénario est très bien écrit et ficelé, montrant la lente déchéance de Faust et Murnau réussit à mettre en scène et à nous intéresser aux enjeux ainsi qu'aux deux personnages principaux, Faust jeune/vieux ainsi que le diable en personne, venu sur terre au côté de Faust et regardant d'un air malin ce qu'il pense symboliser sa victoire. Il rend tour à tour le récit passionnant, cruel et beau.
Pour symboliser cette vision du mal, Murnau use autant de l’expressionnisme à travers le combat entre l'ombre et la lumière qu'à l'utilisation de symboles tels les livres religieux. Il bénéficie d'une excellente reconstitution, que ce soit dans n'importe quel monde, qu'il met très bien en valeur et ce dès la première scène où ses cadres et plans sont savamment pensés. Les acteurs donnent corps à leur personnage et la photographie en noir et blanc est superbe.
Loin d'être déçu par cette vision de la légende de Faust selon Murnau. Ce dernier met superbement en scène le combat entre le bien et le mal et maîtrise son film de bout en bout, tant sur le fond que dans la forme.