Une image me reste en tête, celle de l'archange Gabriel terrassant, non pas le dragon, mais le maître des enfers, Méphistophélès, vaincu par un seul mot : l'Amour.
Un noir et blanc sublime pour symboliser le bien et le mal dans une réalisation qui s'impose comme l'une des plus grandes réussites du cinéma muet : une richesse picturale qui ne peut qu'évoquer des tableaux de l'expressionnisme allemand au service des thèmes immortels du mythe de Faust, vieil alchimiste voué à Dieu et à ses anges, figure exemplaire du sacrifice, qui va finalement vendre son âme au Diable en échange de la jeunesse éternelle, garante de tous les plaisirs terrestres.
Vanité des vanités, le jeune Faust va s'enivrer, rattraper le temps perdu, jouir de la vie, aidé de son âme damnée, Satan, devenu son serviteur, tour à tour bouffon cabotin et spectre manipulateur dans des scènes pleines de truculence.
Mais la rencontre entre Faust et la douce et pure Marguerite va changer la donne, faisant du jeune homme égoïste, un amoureux transi ébloui par son premier amour.
Seulement voilà : trompé par Méphisto, qui a porté le coup fatal au frère de la jeune fille venu défendre l'honneur de sa soeur, il se voit contraint, accusé de meurtre, d'abandonner sa bien-aimée.
Un triomphe de l'Amour superbement filmé par le cinéaste allemand dans des contrastes d'ombre et de lumière où Marguerite, dans un dernier regard, reconnaît dans le vieillard qui se jette à ses pieds, celui qu'elle aimera à jamais.