Collaborateur régulier de Bertrand Tavernier, Laurent Heynemann n'a pas le talent de son mentor, loin s'en faut. Dans "Faux et usage de faux", Heynemann revisite l'affaire Emile Ajar, incroyable mystification littéraire qui permit à Romain Gary de se voir attribuer deux fois le prix Goncourt, sous deux identités différentes.
Hélas, cette histoire intrigante et potentiellement fascinante se révèle vite ennuyeuse devant la caméra de Laurent Heynemann, qui s'intéresse en priorité aux ressorts psychologiques de cette affaire, en particulier les liens complexes unissant Romain Gary et son petit-cousin Paul Pavlowitch.
Dénué de rythme, le film se révèle plat et monotone, tandis que les deux héros apparaissent antipathiques, et que les nombreux seconds rôles ont bien du mal à exister.
Pour ne rien arranger, Heynemann n'utilise pas les véritables noms et pseudonymes des protagonistes, ce qui rend cette affaire - déjà complexe - particulièrement difficile à suivre.
Parmi les quelques atouts du film, on relèvera les prestations sérieuses et habitées du tandem Noiret - Renucci, dans des personnages hélas peu attachants. Ainsi, avec sa petite moustache et son sourcil relevé, Noiret incarne un Romain Gary méphistophélique qui ne manque pas de prestance.
En outre, Heynemann est parvenu à réunir un joli casting pour reconstituer à l'écran le petit monde parisien de l'édition, qu'il n'hésite pas à tourner en ridicule en quelques occasions. Autour de Bernard Pivot qui a accepté d'incarner son propre rôle, on retrouve ainsi de bons comédiens tels que François Perrot, Jean-Claude Brialy, Monique Chaumette, Caroline Silhol ou encore Philippe Morier-Genoud.
Mais la plupart doivent se contenter d'un rôle simplement illustratif, et aucun ne marque vraiment les esprits, à l'image d'un film qui manque cruellement de chair et de passion.