On Fire
C'est assez cocasse, Stanley Kubrick a toujours renié Fear and Desire, ne voulant pas qu'il soit vu, et pourtant il bénéficie d'une excellente restauration ! C'est son premier film et il n'a que 25...
le 2 avr. 2014
23 j'aime
Caché pas son auteur. Globalement descendu par les critiques. Fear & Desire est il un film important 😱 ?
De l'aveu de tous non.
Tout le monde peut très bien s'en passer hormis certainement le cinéaste lui-même qui avait besoin de cette expérience pour se faire la main et produire l'exceptionnelle filmographie qu'on lui connait.
Et pourtant…
Ça se voit le film il se croyait important.
Et c'est certainement ce qui le rend difficile à assumer. Comme il est parfois difficile d'assumer l'ado crâne qu'on a pu être.
Le film débute par un générique sur fond de peinture abstraite.
Puis au premier plan, une voix off va nous préciser que le film va se passer dans un monde abstrait. De faux Pays. Une guerre qui sera celle de toutes les guerres. Vaste programme pour ne pas dire orgueilleux.
La fable est explicitée dès le départ.
Direct ça allume la diode rouge "🚨 Attention Essentialisation 🚨".
Concrètement, pour faire un film qui parle de concepts, là Stanley Kubrick va s'y prendre par soustraction.
Ici par exemple, il va retirer le contexte (culturel, temporel, géographique…).
Mais pour le retirer ce contexte, Kubrick va passer par une voix off . Il est obligé de le dire qu'il n'y a pas de contexte. C'est assez ridicule d'une part, mais ça témoigne surtout d'une totale impuissance pour un cinéaste d'utiliser les moyens du cinéma pour faire passer cette idée assez simple de la décontextualisation. Et je pense que c'est cette impuissance qui a fait honte à Kubrick par la suite, lui qui pour le coup, a su faire des films conceptuels (qu'on aime ou non) parfaitement incarnés par des moyens de pur cinéma.
Cette intro, on dirait du Nolan dans la difficulté et l'ambition de montrer a l'écran du concept, du mental, et l'incapacité à justement l'incarner dans le cinéma sans passer par la voie d'un dialogue explicite et barbant.
Un film qui surligne autant, c'est soit qu'il manque de confiance en lui, soit qu'il te prend pour un con.
Dans ce film impuissant, il y a aussi la question de comment on utilise les acteurs.
Dans sa recherche de maîtrise, "Fear and Desire" va chercher à maîtriser les humains à l'image. Dés le départ, après un panoramique sur la vallée, nous avons un plan fixe avec des corps figés. Fixés dans l'image.
On a davantage affaire à des modèles de photographe qu'à des comédiens qui doivent infuser de la vie dans des séquences.
Ainsi dès ses débuts Kubrick se révèle cinéaste de l'Ordre et de la Morale.
Appliqué, "Fear and Desire" a l'ambition de pendre un concept de suffisamment haut pour pouvoir le neutraliser de tout contexte. D'en toucher l'essence à la fois logique et poétique.
L'approche analytique du jeune Kubrick est littérale : une décomposition
Ainsi le film est constitué de morceaux. De bouts. Il lui manque la composition.
Penser l'image comme un mouvement et non comme une photographie.
Il y a des moments de plans ou de montage qui sont sympas (l'attaque de la tente, le viol…), mais ça saute aux yeux qu'il lui manque un décor construit pour composer. Il s'appuiera dessus pour guider sa caméra puis ses idées dans le baiser du tueur, l'ultime razzia et les Sentiers de la Gloire.
Est ce qu'on y voit quelque chose d'intéressant de Kubrick ? Une germe d'un truc qu'on retrouverait plus muri dans ses productions ultérieures ?
Pas vraiment, si ce n'est cette thématique de "🪖 La Guerre sans l'Aimer" qui va de pair avec cette fascination pour l'ordre. Mais d'un point de vue purement grammatical, ici ce qui marche le mieux c'est les gros plans en insert, et il n'en fera quasiment plus.
On peut comprendre que Kubrick n'assume pas trop et ait tout mis en œuvre pour sortir définitivement son film des circuits de diffusion.
Mais il n'y a rien de vraiment honteux non plus.
En fait, dans ce qu'il rate, "Fear And Desire" n'est pas très intéressant pour le public mais constitue certainement une expérience intime fondamentale pour son réalisateur et de l'équipe qui y a participé.
Et il y aura donc un côté "voyeur" chez nous à forcer la porte d'un film destiné à l'oubli.
================
Filmo de Stanley Kubrick
Créée
le 13 févr. 2024
Critique lue 9 fois
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