Genre : Gore baveux
Verdict : Méchant, drôle et craspec comme il faut. Du bis rythmé, solide et assumé mais un peu pénalisé par sa réalisation.
Pichte : Dans un bar/saloon miteux et paumé où aucun téléphone ne peut choper de signal, une poignée de quidams se fait attaquer par des créatures baveuses d'origine indéterminée, sorte de croisement entre un singe-rat, un alien, un gremlin et Mia Frye. Les membres de ce groupe, qui se seraient aisément mis sur la tronche en d'autres circonstances, doivent associer leurs forces pour vaincre ces vicieuses bestioles dotées d'étonnantes capacités de reproduction. Comme prévu, ce petit monde se fera méchamment saigner (supplément bave inclus).
Ma (très) discutable opinion : Troisième et dernier film issu du Project Greenlight (les deux premiers sont apparemments très mauvais mais je ne les ai pas vus), Feast a été pour moi l'une des meilleures surprises dans les sorties DVD de 2006 (il a aussi fait une brève et inattendue sortie au cinéma US). Armé d'un script aussi méchant que les créatures qu'il abrite, Feast est un film impertinent qui se joue des codes du monster-movie et connaît ses références. Il y a du Sam Raimi dans la manière de faire (Army of Darkness tout particulièrement), même si la réalisation est ici bien loin de lui tripoter les chevilles, et l'on retrouve aussi un peu du Titty Twister dans ce bar isolé qui devient le lieu de tous les carnages.
Dès les premières minutes le film annonce la couleur et assume l'utilisation des archétypes du genre : chaque personnage est présenté - et résumé - d'un simple surnom ("Heroine", "Beer Guy", "Honey Pie", etc), d'une tagline et de son espérance de vie - souvent hilarante, comme : "Name: Hero. Occupation: Kicking Ass. Life Expectancy: Pretty f - - - ing good." Le script prendra toutefois des virages inattendus avec ses personnages et ces descriptions seront souvent contredites par le récit. Quand aux autres personnages importants - les monstres - il s'agit sûrement des créatures les plus vicelardes que l'on avait vu depuis longtemps : la première attaque du film donne le ton et son efficacité plane sur le reste du métrage. Les dégats produits sur le décor et les personnages à chaque nouvelle attaque suivront une escalade jusqu'à l'absurde et les créatures rivaliseront de trouvailles pour utiliser les lames qui leur servent d'ongles et verser des hectolitres de sang et d'autres substances plus ou moins douteuses.
Fort heureusement les personnages ont aussi de bonnes idées pour résister et si ils sont interprétés par un casting plutôt moyen, les moments de bravoure ne sont pas en reste - mention spéciale à Krista Allen qui prend des allure efficaces d'action hero. Tout ce petit monde se démène pour servir cette respectueuse parodie du genre au faux-air de film Z. Fort heureusement, ils seront principalement déchiquetés, digérés, voire pire, dans des scènes jubilatoires et rythmées. Le principal point faible du film transparaît dans sa réalisation, à l'amateurisme trop évident. Certaines attaques de monstres sont trop confuses et nuisent au récit. Rien de trop gênant toutefois.
Avec un budget limité, et un décor unique de circonstance, Feast tient la route grâce à un script astucieux, un second degré permanent, une poignée d'effets gores très réussis - dont un ou deux vous feront sérieusement froncer les sourcils - et des monstres qui font mal. Très mal.