Treize années après La Dolce Vita, Federico Fellini capte à nouveau Rome, que ce soit, pour lui, celui d'hier ou d'aujourd'hui et met en scène une fresque où il filmera la capitale italienne sous tous les angles.
Si l'absence de structure narrative et de fil conducteur dans Satyricon m'avait dérangé, ce n'est aucunement le cas avec Fellini Roma, où le metteur en scène donne sa vision, en partie autobiographique, de Rome. D'abord lorsqu'il y a posé pied en 1939, puis à l'époque où il tourne le film, proposant une passionnante suite de tableaux d'une incroyable puissance visuelle (et à nouveau sublimée par la musique de Nino Rota), et ce dans tous les segments, que ce soit lorsqu'il évoque le passage du Rubicon par Jules César ou les music-halls d'antan.
Il orchestre les divers segments avec brio, trouvant toujours le bon équilibre et les rendant tous passionnants et surtout hypnotiques. L'une des principales réussites de l'oeuvre se trouve dans sa mise en scène où le cinéaste italien met en place une ambiance tour à tour mélancolique, charmante, grotesque, satirique, inquiétante ou encore lyrique. Il ne laisse jamais indifférent tandis qu'il évoque, plus ou moins vaguement, de nombreux sujets et personnages mais toujours avec immense puissance, tandis qu'il filme Rome sous plusieurs angles, évoquant en même temps une cité intellectuelle, d'illusions mais aussi d'horreur, notamment dans sa dénonciation du fascisme, mais c'est toujours de manière fascinante qu'il le fait.
Esthétiquement c'est magnifique, il met en scène une Rome éternelle et fait preuve d'une vraie science du détail, à l'image des remarquables passages dans les intérieurs de maisons des années 1940 ou dans le music-hall, faisant partie de ces passages fort mémorables. Il capte merveilleusement les différents contextes mais aussi les moeurs de deux époques révolues, tout en se montrant audacieux, notamment dans la vision de son présent, où il met en scène une incapacité à conserver le passé (le magnifique passage lors des travaux pour le métro). Sans début, ni fin, Fellini Roma témoigne de l'amour et la passion de son réalisateur pour cette ville et la vie que l'on y trouve.
C'est au coeur d'une Rome intemporelle que nous emmène Fellini, pour un passionnant et fascinant voyage entre deux époques où il évoquera l'humain, le théâtre ou la politique en nous faisant passer par tout un panel d'émotion.