Autrefois, j'avais un ami...
Après une série noire de films, moyens au mieux, médiocre au pire, après avoir vu Jonah Hill vomir pour la énième fois, après m'être énervé au cinéma, j'avais besoin d'un retour aux sources.
Quand on pense à James Stewart, oui car je suis sûr que comme moi, vous y pensez tous les jours. On a tendance à citer de manière récurrente les mêmes films, sa période chez Capra évidemment la plus somptueuse, son monologue interminable face à des sénateurs méfiants, ou son désespoir dans It's a Wonderful Life ont marqué le cinéma Américain. Ensuite on parle aisément de sa phase Hitchcockienne de son détour chez George Cukor ou de son association avec Premigner, rien que cela suffit à faire de lui le plus grand acteur de tous les temps et pourtant il a porté tellement de casquettes différentes encore, mais cette histoire vous sera conté un autre jour.
Celle du jour, c'est un Shérif Adjoint attendu comme le messie pour délivrer une ville envahie par la corruption. Si notre Shérif actuel choisi par défaut pensait tenir un vrai tueur, il va vite déchanter en voyant sortir de sa calèche un gringalet avec une cage à oiseau dans une main et une ombrelle dans l'autre à la démarche peu assurée. Le pire c'est que le bougre déteste les armes et se balade sans même en se confrontant au plus dangereux des criminels de la ville. Bon sang de bois les amis, je ne vous jette pas la pierre, avec son titre Français qui transpire le navet et qui fait craindre le pire comme de voir Brendan Fraser sortir d'un chapeau, ou son réalisateur, Georges Marshall qui inspire peu confiance, Destry Rides Again est l'un des Westerns les plus réussis de l'âge d'or d'Hollywood. Avec son angle différent, sans jamais sombrer dans la parodie pour autant, le film est bourré d'humour mais parvient à alterner sans cassure avec un rythme plus dramatique lorsque c'est nécessaire. Marlen Dietrich y est particulièrement attachante dans un rôle bien difficile à appréhender sans en faire des tonnes et rendre le personnage détestable et surtout c'est le Jimmy's Show. En se glissant dans la peau d'un homme qui pense que les mots sont parfois plus forts que les armes, il nous régale, d'une élégance et d'un charisme hallucinant, du haut de ses 31 ans, dès qu'il commence à nous raconter ses nombreuses fables et anecdotes loufoques ou profondes, on se tait et on écoute. Capable de changer d'expression en un instant, faisant preuve d'auto dérision, impassible face aux moqueries et critiques, aussi précis que Lucky Luke malgré son aversion pour les armes, je vous garanti que vous allez succomber devant ce héros méconnu.
Dynamique, drôle et intense, Destry Rides Again fait parti de cette catégorie de films devenue plus forte que leurs réalisateurs, avec cette petite ville crédible et vivante, ses répliques qui fusent, cette ambiance qui nous transporte, on ressort très surpris de l'expérience inattendue offerte par le récit avec un gros sentiment de manque et de frustration à la fin, Jimmy raconte nous encore une histoire.