Il n'y a pas à dire, le film n'est pas ennuyeux, plutôt bien mené, les personnages, à défaut d'être exceptionnels pour la plupart, sont attachants et bien incarnés. À commencer par Johnny Depp, qui est décidément unique et à l'apogée de sa carrière, tout à fait à l'aise dans ses baskets... Et bien entendu John Turturro, parfait en bouseux du Mississippi, avec sa dégaine de croque-mort et son accent à couper au couteau.
De plus, le film possède une petite dose d'humour noir bienvenu et cette identité propre aux adaptations des livres de Stephen King (isolée et paranoïaque), ce qui nous permet de nous plonger plus assidûment dans le scénario. Malgré ces qualités, c'est ici que pèche le métrage : le script est bien trop bizarroïde et poussif, ce qui empêche la mayonnaise de monter. Même si il faut avouer que les indices laissés au fil du récit sont très subtils et ingénieux, le réalisateur ne parvient pas à nous surprendre totalement, faute à un twist déjà vu et à une facilité scénaristique trop évidente. La recette est simple : comment justifier des comportements irrationnels ou des personnages incohérents et mystérieux ? En nous révélant que tout se passe dans la tête du héros... Un procédé qui nous fait songer que Fight Club n'a pas fait que du bien au cinéma. Le fait que l'oeuvre se trouve dans le top des films sur la schizophrénie a également dû influencer mon manque de surprise... Merci SC !
Si la grande vague de twist a été instiguée par Usual Suspects et magistralement émulée par Fight Club, beaucoup s'y sont cassé les dents, essayant à tout prix de caler leur rebondissement à la fin : The Score, Haute Tension, Identity, The Game... La liste est sûrement plus longue. Tant de bons films où l'effet recherché ne fonctionne pas vraiment, et qui par la même occasion gâche le final au lieu de le rendre pertinent. Malheureusement, Secret Window n'est pas épargné, et sans le génial Johnny Depp, il tomberait vite dans l'oubli.