En le visionnant de nouveau, il m'a paru évident que Fenêtre sur cour demeure ce qu'on pourrait considérer comme un triptyque de magnétisme puisqu'il est, et cela n'aura échappé à personne, la réunion de trois monstres du Hollywood des années 1950, à savoir la sublime Grace Kelly, le charismatique James Stewart et l'immense Alfred Hitchcock. De mon expérience du maître, je pense en avoir déjà extirpé le meilleur. Plus jeune, j'aimais déjà particulièrement La Mort aux trousses, Vertigo, Le Crime était presque parfait, L'Homme qui en savait trop et bien évidemment, mon favori à l'époque : celui-ci. Plus récemment, j'ai pu découvrir Pas de printemps pour Marnie, La Corde, Psychose ou Les Oiseaux et dans tout cela j'ai trouvé du très bon et du moins charmant. C'est donc non sans une pointe de nostalgie que j'évoque aujourd'hui cette œuvre qui constitue pour moi comme une madeleine de Proust. Cet hymne du voyeurisme contient certainement tout ce qu'il y a de plus grand dans le cinéma de Hitchcock dans la mesure où on y retrouve une intrigue forte au suspense magistral et palpitant, des personnages complexes, intéressants, tous utiles au déroulement de l'histoire. On y remarque tout autant un certain raffinement de la photographie et un jeu de couleurs somptueux, magnifique et très justement éclatant. De surcroit, les rapports entre les personnages sont très intelligemment travaillés. Le couple que forme Stewart et Kelly est l'un des plus intéressants que l'on pouvait faire : entre cette riche femme qui aime un homme soucieux de son mode de vie complètement opposé à celui de la belle Lisa Frémont qu'elle est et tout un questionnement autour du changement au sein d'un couple. Car peut-on consacrer un amour basé sur ce qu'on souhaiterait que l'autre devienne ? C'est exactement en cela que leurs sentiments sont passionnants et qu'ils ajoutent du piquant à cette excellente histoire de meurtre qui continuera certainement de ravir des générations entières de cinéphiles.