Ferdinand, c'est un film qui est peut être à l'image de l'animation en 2017.
Je m'explique...
Ferdinand pouvait être un film extrêmement joli et fort, tant son argument de départ semblait attractif. Il prend d'ailleurs le chemin de cette bonne impression dans sa première partie, en développant de manière peut être pas très fine, mais juste, sa thématique du piège des apparences physiques, carcan handicapant de cette société de l'image hypertrophiée de la beauté obligatoire. Tout comme celle liée à la question des préjugés.
Cette première partie, très bonne, dont certaines scènes filent une banane agréable à éprouver, perdra cependant pied peu à peu, à l'occasion d'un retour au bercail assez classique. Le film perd ainsi un certain capital sympathie en faisant un peu de sur-place et troquant son discours initial contre celui centré sur l'amitié malgré la rivalité des plus usés. Tandis que Carlos Saldanha se met à appliquer les formules toutes prêtes et les figures les plus communes du film d'animation familial moderne.
Si Ferdinand ne laissera pas une mauvaise impression au bout du compte, il se parera cependant de tout ce que le genre compte de moyen, de répétition et de reprise. Ainsi, réemprunter la formule et l'ambiance de Rio en vue de la dernière ligne droite de l'aventure était bien vu, sauf qu'à l'inverse de celui-ci, Ferdinand ne proposera guère de scènes fortes ou qui resteront tout simplement en mémoire, calquées sur les inévitables courses poursuites en voiture, les jolis décors espagnols et une performance technique appréciable une fois descendu dans l'arène.
De plus, si Carlos Saldanha jette certaines pistes de réflexion sur la sensibilité face à la corrida, le bien-être animal ou l'horizon au plafond bas de leur condition, aucun de ces axes ne sera pourtant pleinement pris en main ou même explorés, comme si de tels sujets étaient jugés trop sensibles pour le public familial ou les financiers qu'il ne faut sous aucun prétexte se mettre à dos. Dommage, car si le réalisateur brésilien avait eu le courage de prendre le taureau par les cornes, sûr que son dernier né aurait pu être moins maladroit, plus concerné, moins anecdotique ou finalement effrayé par ce qu'il aurait pu défendre.
Ferdinand épouse donc les qualités et les tares de son personnage principal : placide, docile, sensible mais aussi parfois très naïf. On sent que Saldanha porte un amour tout particulier à l'ensemble de ses personnages, dont certains, comme cette bande de hérissons ou cette biquette gentiment foutraques, amuseront sans doute le temps de leurs facéties. Mais le film passe peut être aussi sans doute à côté de l'essentiel : cette relation entre cette petite chica et un animal de compagnie surprenant et hors norme, cette complicité enfantine et cet amour que l'oeuvre laisse petit à petit de côté, comme si elle ne savait pas trop quoi en faire ou le perdait de vue. Alors que tous les éléments étaient là, à porté de main.
Le dernier né des studios Blue Sky est donc aussi anodin que sympa, sans plus. Un goût de trop peu à l'image de l'animation mainstream en cette année 2017 sur le point de s'achever. Beaucoup de promesses et de jolies choses qui, au final, aboutissent sur quelques maladresses, une certaine timidité du propos mis à la porté d'un public familial et surtout, pas mal de déceptions et de déconvenues.
Cela ira sans doute mieux en 2018. En tous cas, le masqué l'espère.
Behind_the_Mask, qui s'envoie un pack de Red Bull en espérant qu'il lui donne des ailes.