Les fêtes de fin d'année s'apparentent depuis deux décennies à un calvaire consumériste qui nous voit souffrir interminablement dans des magasins pris d'assaut, devant des tables surchargées, ou dans des salles de cinéma où s'entassent des familles énervées (hier, des gens étaient assis par terre à l'UGC Ciné Cité devant l'écran...)... Pour voir le paquet traditionnel de films d'animation de Noël, sans vraiment nous préoccuper de leur qualité tant il s'agit d'un passage obligé, d'un rituel moutonnier de saison. Or, pour une réussite comme "Coco", combien de choses laides comme "Ferdinand", remake paresseux d'un court métrage de Walt Disney datant de 1938 par le désormais médiocre Studio Blue Sky, incroyablement bien traité par une critique démissionnaire ?
Car même en faisant l'impasse sur une VF désastreuse qui loupe complètement la véracité des différents accents marquant - non sans un certain racisme - les origines géographiques des personnages, "Ferdinand" est un échec sans appel, qui fera en outre grincer les dents à quiconque aime la belle culture espagnole. Le graphisme dépassé et conventionnel, avec personnages "disneyiens" et couleurs écoeurantes, n'offrant aucun salut, le spectateur accablé ne peut échapper à un scénario paresseux qui ne fait rien des différentes pistes ouvertes (Quid de l'amitié entre le taureau et la petite fille ? Quid de "Tres" ?), et qui fuit lâchement son sujet fort (la maltraitance des animaux, la cruauté de la corrida) pour ne froisser personne dans son public. Ne parlons même pas de l'humour infantile qui ne nous tirera que quelques sourires épars, un humour tellement maladroit qu'il en devient gênant, comme ce personnage de chèvre horripilant ou encore ces chevaux aryens et collabos. Devant ce naufrage honteux, on ne peut que regretter "l'époque heureuse" des premiers "Age de Glace", quand Blue Sly représentait encore une alternative rafraîchissante aux machines stéréotypées des gros studios.
Pour 2018, je propose le boycott général, pur et simple, des films d'animation de fin d'année !
[Critique écrite en 2017]